Le trio Tapatou

Trio Tapatou - Rencontres buissonnières

Cette journée restera gravée dans nos mémoires : ce n’est pas tous les jours que l’on peut « sentir » la richesse qui a pu s’exprimer tout au long d’une vie d’échanges entre deux « créateurs » si vivants et si humains.

Merci aux intervenants pour la simplicité avec laquelle ils ont pu apporter leurs divers éclairages.

Quant à nous nous sommes fiers et heureux d’avoir pu apporter notre contribution.

Les Tapatou

Isabelle Vajra

Ô Cîteaux
« L’amour sourcier »

Isabelle Vajra - Rencontres buissonnières
Isabelle Vajra

Je suis revenue de Cîteaux le lendemain de la Rencontre buissonnière autour de Claude Nougaro et Henri Guérin, mais cette Rencontre chemine encore en moi…

Le mot « Rencontre » a été fort bien choisi par celle qui a créé et qui  fait vivre ces Rencontres buissonnières à l’Abbaye de Cîteaux : Francine Ohet.

Ont donné également vie à cette Rencontre intitulée « L’amour sourcier » : 

  • Jacques Bonnadier, qui avait enregistré vingt émissions consacrées à Claude Nougaro sous ce titre en 1994, 
  • Sophie Guérin Gasc, la fille du maître-verrier Henri Guérin,
  • Hélène Nougaro, l’épouse de Claude Nougaro, la « douce et forte Hélène », comme l’écrit Henri Guérin dans l’une de ses lettres à Claude Nougaro, enfin
  • Raymond Lernould, qui avait composé la Bande Originale audio et vidéo de cette Rencontre à Cîteaux,
  • le Trio Tapatou, qui ponctuait cette Rencontre en interprétant des chansons de Claude Nougaro.

Ce que je retiens de cette Rencontre, c’est qu’elle m’invite à écouter nombre de chansons de Claude Nougaro sur un autre plan, à en découvrir la quintessence. 

Si je devais personnellement retenir trois chansons, ce seraient les chansons : Assez  (… « Déclouez votre Jésus-Christ  Assez ! Suffit »…),  L’Enfant-Phare  et  L’espérance en l’homme, tant l’espérance est liée à la spiritualité.

Le thème de cette Rencontre buissonnière axée sur la spiritualité chez Claude Nougaro appelait aussitôt celui de la foi chez Henri Guérin. Cette rencontre m’invite également à découvrir l’oeuvre d’Henri Guérin, oeuvre qui nous a été présentée à Cîteaux par Sophie Guérin Gasc à travers les représentations des vitraux conçus par son père, maître-verrier, mais encore ses poèmes et ses gouaches notamment.

Enfin, véritable Rencontre humaine que celle de Claude Nougaro et Henri Guérin se révélant au fil de leur correspondance lue par Sophie Guérin Gasc, Hélène Nougaro et Jacques Bonnadier. 

Cette Rencontre était également ponctuée d’anecdotes, respirations pleines de légèreté comme ce témoignage enregistré de Liette Nougaro, la maman de Claude, racontant la première communion de son fils.

J’ai eu l’honneur et la joie de chanter Claude Nougaro pour clore cette Rencontre et ce sont les cloches de l’Abbaye de Cîteaux qui, s’entremêlant aux notes de mon piano « Sur un prélude de Bach », m’ont invitée à m’arrêter sur ce point d’orgue céleste.

Mes gratitudes vont à :
Francine Ohet, Hélène Nougaro, Sophie Guérin Gasc, Jacques Bonnadier, Raymond Lernould, le Trio Tapatou,
et dans le monde sacré à …Dom Olivier, le Père Abbé de Cîteaux, Frère Bertrand à la technique et Frère Bernard à l’organisation, à Cîteaux l’Abbaye, elle-même, Ô Citeaux …

Merveilleux lieu de Rencontres buissonnières, spirituelles et humaines tout à la fois. Tout à la Foi … serais-je tentée de dire, sous l’influence du jeu des mots de Claude Nougaro et d’Henri Guérin.

         La rencontre n’aurait pas été complète sans la présence d’Annick Steta, qui a partagé avec nous son article « L’hommage de Notre-Dame de Paris à Claude Nougaro », paru dans « La Revue des deux mondes ».

         Merci à tous ceux qui ont fait le chemin vers Cîteaux pour cette Rencontre Nougaro Guérin et à tous ceux qui, n’ayant pu faire ce chemin, l’ont fait en pensée et par le cœur.

Isabelle Vajra
Le 30 novembre 2019

Raymond Lernould

Cîteaux 2019 : une rencontre buissonnière qui mérite bien son nom

Nous avons eu le 16 novembre dernier le privilège de participer à l’Abbaye de Cîteaux à la journée « l’Amour Sourcier » organisée autour de Claude Nougaro mais aussi de son ami, le maître verrier Henri Guérin.

Je dois d’abord dire que le terme « rencontre buissonnière » mérite amplement son nom, d’abord par son côté buissonnier. Lorsque nous sommes arrivés le vendredi soir, nous nous sommes retrouvés littéralement au milieu des buissons, sur un petit sentier où nous n’en menions pas large.

Mais il s’est agi aussi de magnifiques rencontres, d’abord par l’étroite collaboration entre 3 associations : Rencontres buissonnières, Association Henri Guérin et Association Claude Nougaro.

Mais, plus que d’associations, c’est de personnes qu’il s’est agi et chacun y a mis du sien pour que cette journée soit une réussite totale, malgré les  petits problèmes d’ordre technique que nous avons rencontrés. 

Cela a permis de susciter des moments magiques, par exemple, lorsque nous n’avons pas réussi à passer la séquence vidéo que nous avions prévue pour le sketch de Claude Jésus, et que voyant notre désarroi, Jean-Pierre BRUN (qui fut pendant presque 18 ans l’agent de Claude) a demandé le micro et nous a superbement  interprété ce sketch sans en avoir le texte, mais il avait entendu Claude le dire des centaines de fois.

Le plus émouvant de la journée fut l’après-midi lorsque Sophie, fille du maître verrier Henri Guérin, Hélène, dernière épouse de Claude et Jacques Bonnadier (qui a animé cette journée de colloque avec beaucoup de professionnalisme) se sont relayés pour nous lire des extraits de la correspondance des deux amis apparemment différents mais en réalité unis par la même foi en l’homme. On peut dire que cette correspondance s’est poursuivie au-delà de la mort.

Tout au long de la journée, nous avons pu entendre les chansons de Claude par lui-même en disque mais aussi en direct par le Trio Tapatou.

On ne pouvait trouver meilleure conclusion à cette belle journée qu’un petit concert de notre amie Isabelle Vajra en très bonne forme qui a donné le meilleur d’elle-même pour se réapproprier une dizaine de chansons de Claude que nous avons vraiment redécouvertes.

Je tiens pour terminer à remercier Francine OHET et son Association, mais aussi le Père Abbé et tous les frères qui nous ont accueillis chaleureusement dans ce lieu de recueillement qui se prêtait parfaitement à cette journée exceptionnelle … qui mérite un prolongement.

Raymond LERNOULD 
Association Claude Nougaro

Charles et Isabelle

Témoignages - Rencontres buissonnières

Venus par amitié pour Sophie GASC-GUERIN et pour approfondir la connaissance de l’oeuvre de son père, nous avons découvert la forte personnalité de Claude NOUGARO et la profondeur de son message à travers ses chansons que nous connaissions un peu et de ses poèmes dont nous étions ignorants. Bravo pour la magnifique présentation de Jaques BONNADIER  organisée, variée, rythmée et profonde, ainsi que tous les autres témoignages. Nous sommes repartis plus riches.

Anne-Marie

Témoignages - Rencontres buissonnières

Écouter les chansons de Claude Nougaro et admirer les vitraux de Henri Guérin,

Etre envahi par la poésie et imprégné de lumière.

Cette rencontre buissonnière du 19 novembre 2019 m’a impressionnée par la richesse des interventions, par la profondeur des rencontres et des échanges.

Et quel bonheur de partager le repas avec les intervenants.

Merci Francine. 
Merci « Rencontres buissonnières »

Et à la prochaine rencontre pour d’autres découvertes.

Odette

Témoignages - Rencontres buissonnières

J’ai quelque gêne à parler de cette journée Nougaro-Guérin à Cîteaux, n’ayant malheureusement pu y assister qu’un temps trop court, mais puisque Francine me l’a demandé … Car je lui ai dit que pour moi, c’était vraiment une découverte ! Je n’ai jamais été une fan de Nougaro, que j’entendais parfois distraitement à la radio.

A Cîteaux, j’ai découvert la profonde beauté de sa spiritualité, de son attachement à une valeur telle que l’amitié, à laquelle il fut fidèle, de ses talents littéraires, tant dans cette correspondance magnifique qu’il échangea avec Henri  Guérin, où ils se montraient dignes l’un de l’autre, que dans ses chants. « L’île Hélène », entre autres, quelle révélation !

Et merci pour le petit livret qui nous a été donné, si riche d’enseignement sur ces deux personnalités exceptionnelles.

Et j’ai pensé : Combien de fois, dans la vie, croisons-nous avec indifférence des êtres de grande valeur, sur lesquels nous portons parfois des jugements hâtifs et faux,  faute d’avoir su prendre le temps de les écouter plus attentivement ?

Merci aux Rencontres buissonnières , où Francine accomplit un grand travail, de qualité, et merci au Père abbé de Cîteaux, si accueillant à des sujets, qui, à première vue, à première vue seulement, n’y avaient pas leur place, étant si attentif à tous ceux qui cherchent, si respectueux de leur chemin, si ouvert à la richesse qu’ils portent en eux.

Odette LEGE

Introduction à la journée du 27 avril

Rencontres buissonnières - 27 avril 2019 - Abbaye de CîteauxRencontre du 27 avril 2019 à Cîteaux
Joie et esprit d’enfance

     Nous voici réunis à Cîteaux pour une nouvelle rencontre buissonnière sur le thème Joie et esprit d’enfance. En novembre 2017, le thème retenu avait été Vivre l’absence, et cette rencontre avait été si intense, si grave, si lourde de sens que je m’étais dit qu’un jour, je m’octroierais, ainsi qu’à nos fidèles adhérents et sympathisants, une rencontre plus légère, plus gaie, une sorte de récréation parmi les thèmes sérieux abordés ces dernières années.

      Tandis que je préparais cette journée du 27 avril, les images de la cathédrale de Paris en flammes m’ont sidérée et profondément attristée, comme vous. J’ai craint soudain d’être en porte-à-faux par rapport à cette actualité dramatique. Et puis, je me suis dit que pour beaucoup d’entre nous sans doute, la découverte de Notre-Dame avait fait partie des joies de notre enfance et que, puisque nous serions réunis à Cîteaux dans une atmosphère paisible, fervente et fraternelle, nous pourrions offrir cette journée à Notre-Dame de Paris et de Cîteaux réunies. A ces lieux sacrés dont nous ne mesurons l’importance qu’ils tiennent dans notre cœur que quand nous risquons de les perdre.

     J’ai donc souhaité réunir la joie et l’esprit d’enfance qui me semblent aller de pair. En mai 2014, nous avions évoqué l’enfance, ce qui est différent de l’esprit d’enfance.

     Déjà au VIème siècle avant Jésus-Christ, le Chinois Confucius affirmait que « La joie est en tout, il faut savoir l’extraire », et son contemporain Lao Tseu donnait ce conseil : « Apprends à écrire tes blessures dans le sable et à graver tes joies dans la pierre. »

     Plus récemment, Georges Bernanos affirmait : « Le contraire d’un peuple chrétien, c’est un peuple triste. Etre capable de trouver sa joie dans la joie de l’autre : voilà le secret du bonheur. »

     Souvent, plus nous avançons dans la vie, plus nous avons la nostalgie de la candeur joyeuse de l’enfance qui s’est émoussée au fil du temps et des épreuves. L’idée de vieillir est pénible pour tout un chacun, et nous aurions tellement aimé garder la fraîcheur physique insolente et l’espièglerie des deux enfants d’aujourd’hui que sont nos invités de cet après-midi: Pierre Adrian et Philibert Humm.

     Mais, quels que soient votre parcours de vie et les souffrances, parfois les drames qui l’ont jalonné, je vous invite ce matin à écouter ces réflexions d’écrivains philosophes qui vous aideront peut-être à le poursuivre de façon un peu plus sereine. Je vous invite aussi à les relire dans les moments de découragement, elles vous feront peut-être plus de bien que des anxiolytiques.
Pour m’aider à préparer cette rencontre, Nicole m’a adressé ces paroles d’Eric-Emmanuel Schmitt, extraites de son livre Plus tard, je serai un enfant, que Jacques, son mari, va lire :

« A 40 ans, j’ai découvert l’esprit d’enfance. Qu’est-ce ? Le sens de l’étonnement, la curiosité, l’appétit, l’enthousiasme, le goût du jeu, l’humilité, la confiance dans l’inconnu, ces qualités dont nous jouissons avant de les abîmer ou de les égarer. Sans rebrousser chemin, il faut les récupérer. Aujourd’hui, je me force à lutter contre l’illusion de savoir. J’ai la passion du nouveau. Je refuse la fatigue de vivre. Je proscris le sentiment de déjà-vu ou déjà-entendu. Je casse toute habitude.
J’entends cultiver la fraîcheur, la saveur de la première fois, la naïveté éternelle. L’art m’y aide. Quand j’admire un tableau ou que j’écoute une musique, je deviens vierge, neuf, j’assiste à une épiphanie. L’aube scintille. »

Cette idée d’épiphanie apparaît également dans ces phrases de Sevim Riedinger, auteur du Monde secret de l’enfant, qu’Isabelle va lire car, comme l’auteur, elle est psychothérapeute : « Retrouver au fond de soi l’esprit d’enfance. Non pas la dépendance infantile, mais cette force poétique qui entretient notre capacité d’émerveillement et d’ouverture au monde. La cultiver, comme une plante qu’on arrose, permet de mieux résister, et transformer les épreuves de la vie(…). Entretenir ce lien avec notre enfant intérieur sera d’une aide inestimable pour traverser la vie. Le petit enfant et le grand vieillard tiennent chacun un bout du fil. »

     Enfin, je terminerai ces précieuses citations par celles-ci, de Roger-Pol Droit, qui rejoignent les précédentes avant d’inciter le lecteur à passer de la réflexion à l’action : « Il faut retrouver partout le vif éclat des premières fois.
Faire en sorte que chaque répétition devienne une première fois. Tout le temps des premières fois, même quand c’est la centième, la millième, la millionième. Les enfants ont des âges, l’esprit d’enfance n’en a pas. Enfants, adolescents, adultes, vieillards s’inscrivent dans le temps. Ils grandissent et déclinent, naissent et meurent. L’esprit d’enfance, lui, demeure immuable. Inaltérable. Quand l’esprit d’enfance est entrevu, tout commence. L’essentiel est ce que nous pouvons en faire. A chacun d’inventer jour par jour ses itinéraires. »
Alors chiche, Monsieur Roger-Pol Droit, nous allons vous prendre au mot, passer à l’action et esquisser dès à présent un itinéraire pour cette journée du 27 avril.

     D’abord Dom Olivier, l’hôte de ces lieux, va présenter quelques sculptures de Frère François d’Assise, qui fut moine à Cîteaux. Puis Anne Kienlen, qui était venue en novembre dernier mettre surtout en valeur Saint Nicolas, patron des Lorrains, va nous faire découvrir quelques-unes de ses peintures en rapport avec le thème d’aujourd’hui.

     Dom Olivier, vu les nombreuses tâches qui l’attendent, prendra la parole avant Frère Michel pour commenter un extrait de son livre Sept fois sept, dans lequel il explique que du commencement à la fin, le moine sera un écolier. Extrait qui m’a paru idéal pour illustrer l’esprit d’enfance !

     Puis Frère Michel, grand admirateur de Marie Noël, évoquera ensuite cette Auxerroise attachante, catholique tourmentée qui reçut en 1962 le grand prix de poésie de l’Académie française. Il sera accompagné de Catherine Paitry, conteuse, avec qui il a préparé très consciencieusement son intervention.
Enfin, la matinée se terminera de façon particulièrement détendue, voire dissipée, vu qu’Alain Schneider, qui a rédigé pendant des années dans le Bien Public une chronique intitulée La vie du bon côté, nous lira et commentera quelques petites histoires de son livre en forme de Caprice des
dieux intitulé Pour l’humour du ciel/ Un régal d’abécédaire divinement drôle.
Sans doute avez-vous remarqué que Dom Olivier avait pris la pose avec le livre entre les mains, sans même se soucier de son contenu, ce qui -j’espère- ne lui vaudra pas les foudres des autorités ecclésiastiques et ne compromettra pas plus tard son entrée au Paradis. De toute manière, avec les adhérents et sympathisants de Rencontres buissonnières, il dispose de fervents supporters prêts à le défendre coûte que coûte. J’ai évité de dire « bec et ongles » car cela ne siérait pas à l’esprit cistercien, dont il est le digne et joyeux représentant.
A 11h30, les personnes désireuses d’assister à la messe pourront se retrouver dans l’église, celles qui ne craignent pas de succomber au péché de gourmandise ne manqueront pas de se diriger vers la boutique, qui fermera à 12h30 mais rouvrira exceptionnellement à 14 heures, ce qui devrait donner au total un nombre de gourmands parfaitement satisfaits. Après tout, la gourmandise fait aussi partie de l’esprit d’enfance !

     La pause déjeuner aura lieu à partir de 12h45 dans le réfectoire des hôtes, soit repas chaud soit pique-nique partagé.

     A 15 heures, je présenterai Pierre Adrian, que certains connaissent déjà puisqu’il était venu à Cîteaux l’an dernier, ainsi que son ami et compère Philibert Humm. Nos deux jeunes invités vous inviteront à les suivre dans leur Tour de la France par deux enfants d’aujourd’hui. Peut-être sont-ils un peu déçus que je ne parle pas davantage d’eux ce matin, mais il me faut tenter de respecter le timing de leurs aînés. Sachez juste que leur livre plein d’espièglerie, à l’humour plutôt potache, a été lu à haute voix au réfectoire des moines, ce qui ne fait que renforcer mon souci à propos de l’avenir de Dom Olivier, sur le plan à la fois terrestre et céleste.

     Entre 14h et 15h, Pierre, Philibert et Alain dédicaceront leur livre dans cette salle, et vous pourrez admirer de plus près les peintures d’Anne. Frère Michel sera également présent, parmi les livres sur Frère François d’Assise, la forêt de Cîteaux et Marie Noël.

Bonne journée à tous.

FRANCINE OHET

Présentation orale de l’après-midi

Samedi 27 avril 2019
Joie et esprit d’enfance

Introduction orale à l’après-midi

     Place cet après-midi à nos deux jeunes auteurs qui ont écouté sagement ce matin ce qu’ont dit leurs aînés.

     En effet, le moment est venu de laisser la parole à Pierre Adrian, que certains d’entre vous connaissent déjà puisqu’il était venu au printemps dernier présenter son livre Des âmes simples dans le cadre de la rencontre sur Les lieux, sources d’inspiration. Nous avons une tendre pensée pour Frère Pierre, le personnage principal du livre, si dévoué, si attachant, qui aurait tellement aimé être parmi nous mais qui a dû renoncer à nous rejoindre depuis sa lointaine vallée des Pyrénées, vu ses innombrables respon-sabilités et son dévouement à toute épreuve. Il m’a chargée de vous dire qu’il serait en communion de pensée et de prière avec nous tous.

     Pierre Adrian, dont on avait remarqué l’an dernier l’étonnante maturité dans sa façon d’évoquer son amitié avec Frère Pierre alors qu’un demi-siècle d’âge les sépare, et qui a le très grand mérite de ne pas classer les personnes plus âgées que lui dans des catégories toutes faites, est accompagné cette fois de son compère et ami Philibert Humm, le duo s’étant partagé la rédaction du Tour de la France par deux enfants d’aujourd’hui, paru aux Editions Equateurs, dont la tonalité est beaucoup plus légère, espiègle, humoristique que celle Des âmes simples, comme si Pierre avait voulu lui aussi s’accorder une récréation après deux livres très sérieux, le premier sur Pasolini lui ayant valu plusieurs prix, et le deuxième sur Frère Pierre le grand prix du livre de spiritualité.

     Pierre et Philibert vont donc nous parler de leur Tour de France vécu et écrit en commun, un chapitre écrit par Philibert succédant à un chapitre écrit par Pierre, et ainsi de suite jusqu’à la fin. Ils en liront quelques extraits et, parce qu’ils ont vraiment réfléchi au thème de notre rencontre, ils évoqueront aussi l’esprit d’enfance à travers la littérature.

     Après leur intervention, en guise de conclusion, et en écho à ce qui a été dit ce matin par Anne Kienlen, Dom Olivier, Frère Michel et Alain Schneider, ils feront allusion à un objet, une chanson ou une musique, une odeur, une friandise, un héros susceptibles de réveiller leur esprit d’enfance, qu’ils n’ont en fait jamais perdu et qu’ils ne perdront sans doute jamais, même quand ils auront atteint l’âge moyen de notre assemblée.

     Puis, s’il reste un peu de temps, pour boucler la boucle, ils tendront le micro aux personnes désireuses de prendre la parole pour évoquer leur propre « madeleine de Proust ».

     Mais d’abord, retour au livre de Pierre et Philibert : un bon résumé de celui-ci est fait sur la 4ème de couverture, et comme Le tour de la France par deux enfants d’aujourd’hui a été lu à haute voix pendant les repas au réfectoire des moines, j’ai proposé à Frère Raphaël de nous lire ce résumé.

     Un grand merci à nos deux enfants d’aujourd’hui d’avoir accepté de passer une journée parmi nous. Celle-ci se terminera en musique, avec Frères Michel et Gabriel qui joueront à la flûte à bec quelques morceaux du compositeur Jean-Baptiste Loeillet, sous la houlette de leur professeur Claire Nassans à la flûte traversière.

     Bel après-midi à tous.

Francine Ohet

Catherine Paitry

Catherine Paitry - Rencontres buissonnières     C’est la première fois que j’assiste – et que je participe ! – aux Rencontres Buissonnières, mais je crois que ce 27 avril, elle aura rarement aussi bien porté son nom. Un nom de journée joyeux et printanier, pour un thème aussi prometteur : l’Esprit d’enfance… Super chouette !

     L’enfance, à Cîteaux, on connaît ça, comme l’a rappelé le Père Abbé : le moine sera un écolier, tout au long de sa vie. Apparemment, il n’y a pas d’école buissonnière dans la règle de St Benoît… Peut être parce que le Maître, à cette école, ne donne pas envie d’aller voir ailleurs !

     L’esprit d’enfance, nous l’avons goûté sous plusieurs angles ; avec les artistes, les sculptures porteuses de tendresse de Frère François d’Assise, et les peintures colorées et si appliquées de Anne, mélange de candeur et de nature à toutes les saisons. On s’émerveille, on se réjouit, on admire, comme font les petits enfants si facilement.

     Et puis avec l’humour, parce que Dieu est humour, lui qui est la Parole, le Verbe, lui qui a créé tous les mots et donne aux hommes de s’en servir si bien. Et nous avons ri, de ce rire qui naît de notre enfant intérieur bien vivant, qui pouffe et s’esclaffe !

     Enfin par les livres, par des auteurs d’hier et d’aujourd’hui : Marie Noël d’abord, que j’ai découverte grâce à Frère Michel, à l’occasion de cette belle journée. Marie Noël nous montre tout en poésie que l’enfance, ce n’est pas toujours une ode à la joie, c’est aussi parfois le lieu de grandes douleurs, mais qu’il ne faut pas en avoir peur : dans son cœur tout se marie, et vont main dans la main mélancolie et émerveillement, comme une nuit de Noël où ciel et terre sont tout réconciliés. Marie Noël est illuminée par « Jésus qui l’aime », et par Lui elle est restée, comme elle est, une enfant. Je suis touchée et honorée d’avoir pu lui prêter ma voix, et aider frère Michel à la faire connaître. Merci !

     Enfin, l’esprit d’enfance, c’est aussi partir à l’aventure, découvrir, questionner, se laisser surprendre, et rire encore, se raconter des histoires et des gens, comme l’ont fait Pierre et Philibert pour nous et dans leur livre Le tour de la France par deux enfants d’aujourd’hui, et c’était passionnant.

    C’était une journée riche et conviviale, cousue de simplicité. Eh bien moi, j’attends la prochaine !

Pierre et Kitty

Rencontres buissonnièresAutour de la  Rencontre buissonnière du 27 avril à Cîteaux

     Nous étions dans l’heureuse attente de la « Rencontre » du 27 avril à Cîteaux, lorsque nous avons appris l’annulation de la venue de Colette Nys-Mazure. Une déception à vrai dire. Et pourtant, comme nous allons en témoigner et en revisiter les temps forts : quelle belle journée !

     En ouverture, et comme dans un vécu gastronomique : un moment de « mise en bouche » avec un savoureux prologue de Francine à la fonction  « apéritive » et destiné à nous donner l’envie de « passer à table »…

     Pour commencer, Dom Olivier – Père Abbé et notre hôte – et Anne Kienlen – une artiste peintre, désormais familière de Cîteaux – nous ont apporté le touchant témoignage des bienfaits d’une enfance heureuse ; un temps de vie non sans lien, sans doute, chez le premier, avec sa vocation de « moine- écolier » – ainsi se qualifie-t-il lui-même – et, chez la seconde, avec la voie de la création artistique.

     Et puisqu’il venait d’être question de l’enfance, quelle belle idée d’inviter Frère Michel, accompagné d’une lectrice, à une évocation,  à deux voix, de la vie de Marie Noël.

     A vrai dire, bien que très sensibles à la poésie, nous n’avions jamais été, jusque là, attirés par l’œuvre de cette poétesse rangée, très arbitrairement et du fait d’une vraie méconnaissance, dans la catégorie des auteurs aux écrits empreints de religiosité désuète.  Alors, ce fut vraiment le temps d’un autre regard : la découverte d’une âme d’enfant – même si elle fut souvent celle d’une enfant blessée – et l’approche d’une poésie chargée d’une émotion puissante et surprenante.

     Aussi, merci à Frère Michel et à sa lectrice pour cette heureuse initiation.

     Après Marie Noël et sa lumineuse empreinte, le programme changea de tonalité et nous avons été invités à découvrir l’Abécédaire d’Alain Schneider.

     Au dire de l’auteur – et relevé dans la dédicace de son livre – : une « Bible de l’humour ecclésiastique à lire religieusement ! »; ou encore, porté en première de couverture : « Un régal… divinement drôle ». Certes, nous n’étions plus dans le registre de la poésie mais toujours, peu ou prou, dans celui de l’enfance puisqu’il s’agit de partager des petites histoires drôles, d’amusants quiproquos, de plaisantes impertinences, des brèves de comptoir… ; et ce, toujours en vue de créer de la légèreté comme de grands enfants enjoués, dans une cour de récréation, ou  autour de la machine à café.

     Puis ce fut le temps des achats au magasin, pour les uns, pendant que les autres se rendaient à la messe. Une célébration liturgique, animée par le petit cœur monastique – admiré pour sa maîtrise du chant grégorien – et marquée, également, par la force du message contenu dans l’homélie du Père Abbé.

      Après la pause du déjeuner – repas « tiré du sac » et souvent partagé – l’après-midi fut consacré à la présentation du livre de Pierre Adrian et Philibert Humm : Le tour de la France par deux enfants d’aujourd’hui.

     Beaucoup d’entre nous connaissions déjà Pierre Adrian, venu l’an passé nous parler de son livre Des âmes simples.

     C’est frère Raphaël qui introduisit  – avec beaucoup d’enthousiasme – l’aventure  des deux amis; un récit – précisons-le – lu, intégralement, au cours des repas monastiques. C’est dire, au passage, l’intérêt suscité par cet original « road trip » qui, nous le confia le frère, provoqua plus d’un étonnement chez certains des auditeurs les plus âgés…

     Ensuite, ce fut au tour des deux auteurs de raconter la genèse de l’ouvrage et d’évoquer leur étonnant voyage : une sorte de pari, une aventure drolatique et humainement très riche « à travers l’histoire et la géographie, la littérature et la mécanique, les métiers d’hier et d’aujourd’hui ». Une expérience à dimension anthropologique et sociologique, pourrait-on dire, aussi, plus doctement…

     Ceci dit, et pour en revenir à l’allusion métaphorique du « vécu gastronomique »: les deux compères nous ont vraiment « régalés ». De l’humour, de l’espièglerie mais, encore plus : de la profondeur et une humanité touchante. Bref, ils nous ont donné envie de les suivre et de les retrouver, un jour, pour un nouveau partage.

     Et nous nous sommes, ainsi, acheminés vers la fin de notre rencontre qui s’acheva par une offrande  musicale : celle d’une musicienne et de deux frères de la communauté, reçue comme le poétique point d’orgue de la journée et comme en écho au « Chant d’enfant » de Marie-Noël, lu le matin.

                                                  ***

     Alors, un grand merci à Francine ainsi qu’à son équipe et à la communauté monastique qui ont collaboré avec elle pour la conception et l’organisation de cette nouvelle, belle et riche Rencontre buissonnière.

Pierre et Kitty