Conclusion par Francine

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Après-midi de la décennie – 1er février 2020

Les Tapatou au buisson

La conclusion de cet anniversaire musical, je l’ai imaginée sous la forme d’un clin d’oeil à Boby Lapointe, auquel les Tapatou ont emprunté leur nom de scène et aussi une certaine loufoquerie qui participe à leur charme. 

Cher Boby, dans une de vos chansons, vous vous adressiez à un ami en lui répétant :

Tic-tac tic-tac
Ta Katie t’a quitté
Tic-tac tic-tac
Ta Katie t’a quitté
Tic-tac tic-tac
T’es cocu, qu’attends-tu ?
Cuite-toi, t’es cocu
T’as qu’à, t’as qu’à t’cuiter
Et quitter ton quartier
Ta Katie t’a quitté

Eh bien moi, je n’ai pas à me cuiter car voilà plus de 10 ans que les Tapatou  ne m’ont pas quittée et m’ont même accompagnée sur tous les chemins buissonniers où je les ai entraînés au fil du temps. Lors des rencontres à Talant évoquées par Dominique, et aussi à Cîteaux où il fut question d’amitié humaine et de fraternité cistercienne, d’enfance, d’esprit d’enfance, de fragilité qui devient force, de l’importance de vigiler, de chemins vers la beauté, d’Esprit, du pouvoir des mots, de la présence de nos absents, des lieux sources d’inspiration, d’amour sourcier. Avec quelques invités de marque dans les domaines de la danse, de la musique  de l’écriture ou de la peinture, comme Mireille Nègre, Gabriel Ringlet, Colette Nys-Mazure, Jérôme Garcin, Noà Zanon, Nathan Mierdl, Fadila Semaï, Pierre Adrian, Philibert Humm, Anne Le Maître, Micheline Reboulleau, Anne Kienlen et récemment Hélène Nougaro, qui se fit le porte-parole de Claude, que nous avions reçu au collège Boris Vian en 2002, nous efforçant chaque année scolaire de motiver nos élèves, de les éveiller à la beauté des mots et de la musique. Longue continuité donc dans notre parcours musical et littéraire indissociable de notre profonde amitié. 

Cet après-midi célébré en famille correspond donc à la première décennie de Rencontres buissonnières, et peut-être vous demandez-vous s’il y en aura un autre dans 10 ans ???

Tic-tac, tic-tac, plaisantait Boby Lapointe. Moi, cela me fait nettement moins rire, et je pense que tous dans cette salle nous avons du mal à accepter que le temps passe si vite. Alors je ne vous donne pas rendez-vous dans dix ans comme le chante Patrick Bruel (c’est tellement plus facile quand on a 20 ou 30 ans!), je vous donne rendez-vous le samedi 13 juin à Cîteaux pour une journée consacrée à Arnaud Beltrame.

  Dans dix ans, c’est hors de question et en voici la raison :  je n’ai pas envie que les Tapatou me quittent comme Katie a quitté l’ami de Boby, en me disant « Comme t’es sourde maintenant, ça vaut plus le coup de chanter, t’as pas tout, Tapatou entendu, Tapatou compris »…Tapatou quoi ???

Merci donc à tous ceux et celles qui m’ont accompagnée jusqu’à présent dans cette belle aventure de vie, en particulier à Nadine, Marie-Claude et Jean, à Alain et Linou, à Danielle, à Laurence, la maman de Thomas, à Anne toujours prête à m’aider quand il le faut, et à vous qui vous êtes déplacés pour ces quelques précieux moments de partage.

Introduction à la journée du 16 novembre 2019 à Cîteaux

L’amour sourcier : Claude Nougaro-Henri Guérin

Bonjour à tous. Nous voici réunis en ce 16 novembre 2019 pour cette nouvelle rencontre automnale à Cîteaux, mystérieusement intitulée L’amour sourcier, lors de laquelle il va être beaucoup question de l’amitié qui a uni Claude Nougaro, célèbre chanteur, et Henri Guérin, maître verrier renommé.

Au groupe de nos adhérents et sympathisants habituels sont venus s’ajouter des membres de l’association Claude Nougaro et de l’association Henri Guérin, et dans ce lieu de haute spiritualité qu’est l’abbaye de Cîteaux, vont se côtoyer le temps d’une journée des personnes venues de Belgique, et de diverses régions de France : Occitanie, Hauts de France, Provence Alpes Côte d’Azur, Auvergne Rhône Alpes, Grand Est, Pays de la Loire, Ile de France. Qu’elles soient les bienvenues en Bourgogne, le jour même où ont lieu à Beaune les fameuses Ventes des Hospices. 

Pourquoi cette évocation de Claude Nougaro et Henri Guérin ? Il se trouve que Claude Nougaro aurait eu 90 ans en cet automne 2019, et l’an dernier, sa femme Hélène m’a téléphoné pour me demander si je pourrais organiser une rencontre en rapport avec la personnalité de Claude. Marie-France, secrétaire de l’association Nougaro, tenait beaucoup à ce que cette rencontre ait lieu à Cîteaux. 

A Cîteaux ? Dans un premier temps, je fus ébahie et perplexe. Car je ne voulais surtout pas déformer la réalité et donner de Claude, dont le moins qu’on puisse dire est que sa vie ne fut pas celle d’un saint ou d’un anachorète, une image trafiquée, artificielle. Et puis il fallait que Dom Olivier, le Père abbé, plus familier des cantiques que des chansons nougaresques au langage vigoureux et pleines de rythme, accepte ce nouveau projet de Rencontres buissonnières, un peu trop fantaisiste peut-être. 

Mais une fois de plus, je ne fus pas déçue et une fois de plus, il accorda sa confiance à notre association. Il trouva que cette phrase écrite en haut de notre brochure était très belle : « L’amour est bien la seule clé qui nous ouvre à l’Eternel. » Or, ce n’était pas une phrase tirée de la Bible, c’était une phrase de Claude Nougaro.

Cette étape franchie, il fallait construire la trame de cette journée. Hélène qui, malgré les nombreux livres écrits sur Claude, trouvait que sa quête de spiritualité n’avait pas été assez mise en valeur, me suggéra de faire appel à Jacques Bonnadier, journaliste marseillais qui connaissait bien Claude, avait souvent échangé avec lui autour d’une soupe au pistou ou d’un loup au fenouil, et l’avait enregistré pour une série d’émissions radiophoniques regroupées sous le titre L’Amour sourcier, titre que nous lui avons emprunté pour cette journée. C’est lui, ce matin, qui va prendre d’abord la parole et évoquer les sources-d’ordre spirituel-d’où vient Claude Nougaro et plus tard, celles qu’il a cherchées pour s’y abreuver. Avec à l’appui des enregistrements sonores et des projections d’images. A l’accent toulousain de Claude que nous feront revivre les vidéos, se mêlera l’accent ensoleillé de Jacques, Marseillais pure souche. 

Autre idée qu’Hélène me suggéra : contacter Sophie Guérin Gasc, fille du maître verrier Henri Guérin, habitant près de Toulouse. Ce qui permit au projet de s’étoffer, une très belle Amitié ayant lié de leur vivant Claude Nougaro, « capitaine des mots dans une mer de musique » comme il se définissait lui-même, et Henri Guérin, dont l’ultime vitrail fut posé en 2009 dans la crypte de la cathédrale de Chartres. Claude l’angoissé, le tourmenté, l’excessif dans toutes sortes de domaines, et Henri, profondément croyant, amoureux du recueillement, de la solitude et du silence. Tous deux à la fois très différents et très proches. Tous deux poètes. Tous deux  à la recherche sur cette terre de la beauté et de la bonté mêlées, en quête d’absolu. C’est Henri qui, en l’église Saint-Sernin de Toulouse, le 10 mars 2004, prononça l’éloge funèbre de Claude. Et aujourd’hui, c’est Sophie, sa fille, qui prendra la parole à la suite de Jacques, en fin de matinée, pour nous présenter l’oeuvre de son père, dont elle a apporté quelques pièces. Cet après-midi, nous retrouverons Sophie et Jacques qui nous parleront de la correspondance entre Claude et Henri, révélatrice de leur personnalité respective. Au long de cette journée, Hélène lira quelques textes et ajoutera quelques commentaires. C’est elle, bien sûr, qui a le mieux connu Claude, et nous sommes tous heureux qu’elle soit parmi nous aujourd’hui. Hélène, que Claude appelait « la femme de ma mort » et à qui il a dédié ce chef-d’oeuvre de chanson qu’est L’île Hélène. Merci à elle de nous avoir permis de reproduire dans notre brochure des photos personnelles. Quand j’ai découvert la brochure imprimée, ma première réaction a été de trouver trop sombre la photo couleur de la page 14. Mais après coup, je l’ai trouvée symbolique, Hélène attirant à la fois le regard de Claude et la lumière.

Dans toute cette préparation, Raymond, fan absolu de Claude Nougaro, a été précieux, qu’il en soit remercié. Il l’est encore ô combien en ce jour, car il a la responsabilité délicate et parfois imprévisible de la technique auditive et numérique.

Quant à Nadine et Marie-Claude, membres du trio Tapatou que tous nos adhérents connaissent et apprécient, elles étaient déjà à mes côtés en juin 2002, quand Claude Nougaro nous avait fait l’honneur de venir en personne dans notre modeste collège de Talant. Nadine, ma collègue de musique et moi-même, avions travaillé pendant toute l’année scolaire pour préparer la venue de notre prestigieux invité. Francis, fils de Marie-Claude et de Jean, s’était joint à elles. Dix-sept ans après, c’est beau de se retrouver unis dans le même élan, en compagnie de Jean, le guitariste du trio.Malgré l’absence de Claude, qui est en fait toujours là, invisible mais présent.

Le trio Tapatou interviendra à plusieurs reprises au fil de la journée, au gré des besoins de Jacques et Sophie. Et pour clore la journée en musique, Isabelle Vajra, qui était déjà venue à Cîteaux il y a 4 ans pour la journée Gabriel Ringlet, qui avait chanté avec beaucoup de sensibilité dans l’église des chansons de Barbara, nous offrira un mini-récital composé de chansons de Claude, qu’elle a bien connu. Claude avait écrit à son propos qu’elle était « fervente et profonde ». Elle nous le prouvera encore ce soir. 

Les deux amis, Henri et Claude, auraient aimé Cîteaux, j’en suis sûre. Pour l’atmosphère de paix qui y règne, pour l’ouverture d’esprit aussi dont fait preuve la communauté. A mon avis, Henri aurait été conquis d’emblée. 

Claude aurait été davantage sur ses gardes, ayant fait à l’abbaye de Solesmes une tentative de retraite qui n’avait duré qu’une nuit et dont il avait conclu qu’il s’était senti-je le cite- « complètement étranger à cette croisière mystique. » Je pense que Jacques et Hélène reviendront sur cet épisode au cours de la journée. Episode qui peut prêter à sourire, mais qui montre que Claude, étonné lui-même par le nombre important de fois où le mot DIEU est présent dans ses chansons, avait le sens du sacré et aspirait à plus grand que lui. On a trop peu insisté sur le fait qu’il était en quête de beauté, d’harmonie, de fraternité, d’amour,d’espérance. Profondément marqué par ses origines chrétiennes, il aspirait à une certaine innocence et pureté. « L’homme est peut-être l’ouvrier du divin », a-t-il écrit. Et aussi : « Je suis, j’étais contaminé par une religion de la souffrance et j’essaie de m’en dégager en souffrant. Il faut que l’ Eglise m’enseigne désormais le chemin de la joie. » Et aussi : « J’aime chanter dans des lieux très beaux. Pour tenter d’être à la hauteur. »

Alors Claude, vous qui avez eu une grande importance dans ma vie personnelle, je ne peux m’empêcher de m’adresser à vous comme si vous étiez vivant, car aujourd’hui, tous ensemble, nous allons vivre votre absence comme une présence. Vous allez chanter dans ce lieu très beau qu’est Cîteaux, entouré de votre famille de cœur. Dommage que vous n’ayez pas connu Dom Olivier, car lui aurait été capable de vous enseigner le chemin de la joie. Si vous aviez décidé de vous confesser, il vous aurait écouté attentivement et avec son sourire habituel, faisant fi de votre notoriété, sans doute aurait-il été plein d’indulgence par rapport à vos excès, vous aurait-il cité une parole de l’Evangile et vous aurait-il encouragé à poursuivre ce que vous faisiez déjà : « semer chez les autres, sinon un paradis, du moins un espace terrestre et humain pas trop tragique . »

Ces dernières paroles ne sont pas de moi, mais de Claude Nougaro . Belle journée à tous.

Francine OHET

Introduction à la journée du 27 avril

Rencontres buissonnières - 27 avril 2019 - Abbaye de CîteauxRencontre du 27 avril 2019 à Cîteaux
Joie et esprit d’enfance

     Nous voici réunis à Cîteaux pour une nouvelle rencontre buissonnière sur le thème Joie et esprit d’enfance. En novembre 2017, le thème retenu avait été Vivre l’absence, et cette rencontre avait été si intense, si grave, si lourde de sens que je m’étais dit qu’un jour, je m’octroierais, ainsi qu’à nos fidèles adhérents et sympathisants, une rencontre plus légère, plus gaie, une sorte de récréation parmi les thèmes sérieux abordés ces dernières années.

      Tandis que je préparais cette journée du 27 avril, les images de la cathédrale de Paris en flammes m’ont sidérée et profondément attristée, comme vous. J’ai craint soudain d’être en porte-à-faux par rapport à cette actualité dramatique. Et puis, je me suis dit que pour beaucoup d’entre nous sans doute, la découverte de Notre-Dame avait fait partie des joies de notre enfance et que, puisque nous serions réunis à Cîteaux dans une atmosphère paisible, fervente et fraternelle, nous pourrions offrir cette journée à Notre-Dame de Paris et de Cîteaux réunies. A ces lieux sacrés dont nous ne mesurons l’importance qu’ils tiennent dans notre cœur que quand nous risquons de les perdre.

     J’ai donc souhaité réunir la joie et l’esprit d’enfance qui me semblent aller de pair. En mai 2014, nous avions évoqué l’enfance, ce qui est différent de l’esprit d’enfance.

     Déjà au VIème siècle avant Jésus-Christ, le Chinois Confucius affirmait que « La joie est en tout, il faut savoir l’extraire », et son contemporain Lao Tseu donnait ce conseil : « Apprends à écrire tes blessures dans le sable et à graver tes joies dans la pierre. »

     Plus récemment, Georges Bernanos affirmait : « Le contraire d’un peuple chrétien, c’est un peuple triste. Etre capable de trouver sa joie dans la joie de l’autre : voilà le secret du bonheur. »

     Souvent, plus nous avançons dans la vie, plus nous avons la nostalgie de la candeur joyeuse de l’enfance qui s’est émoussée au fil du temps et des épreuves. L’idée de vieillir est pénible pour tout un chacun, et nous aurions tellement aimé garder la fraîcheur physique insolente et l’espièglerie des deux enfants d’aujourd’hui que sont nos invités de cet après-midi: Pierre Adrian et Philibert Humm.

     Mais, quels que soient votre parcours de vie et les souffrances, parfois les drames qui l’ont jalonné, je vous invite ce matin à écouter ces réflexions d’écrivains philosophes qui vous aideront peut-être à le poursuivre de façon un peu plus sereine. Je vous invite aussi à les relire dans les moments de découragement, elles vous feront peut-être plus de bien que des anxiolytiques.
Pour m’aider à préparer cette rencontre, Nicole m’a adressé ces paroles d’Eric-Emmanuel Schmitt, extraites de son livre Plus tard, je serai un enfant, que Jacques, son mari, va lire :

« A 40 ans, j’ai découvert l’esprit d’enfance. Qu’est-ce ? Le sens de l’étonnement, la curiosité, l’appétit, l’enthousiasme, le goût du jeu, l’humilité, la confiance dans l’inconnu, ces qualités dont nous jouissons avant de les abîmer ou de les égarer. Sans rebrousser chemin, il faut les récupérer. Aujourd’hui, je me force à lutter contre l’illusion de savoir. J’ai la passion du nouveau. Je refuse la fatigue de vivre. Je proscris le sentiment de déjà-vu ou déjà-entendu. Je casse toute habitude.
J’entends cultiver la fraîcheur, la saveur de la première fois, la naïveté éternelle. L’art m’y aide. Quand j’admire un tableau ou que j’écoute une musique, je deviens vierge, neuf, j’assiste à une épiphanie. L’aube scintille. »

Cette idée d’épiphanie apparaît également dans ces phrases de Sevim Riedinger, auteur du Monde secret de l’enfant, qu’Isabelle va lire car, comme l’auteur, elle est psychothérapeute : « Retrouver au fond de soi l’esprit d’enfance. Non pas la dépendance infantile, mais cette force poétique qui entretient notre capacité d’émerveillement et d’ouverture au monde. La cultiver, comme une plante qu’on arrose, permet de mieux résister, et transformer les épreuves de la vie(…). Entretenir ce lien avec notre enfant intérieur sera d’une aide inestimable pour traverser la vie. Le petit enfant et le grand vieillard tiennent chacun un bout du fil. »

     Enfin, je terminerai ces précieuses citations par celles-ci, de Roger-Pol Droit, qui rejoignent les précédentes avant d’inciter le lecteur à passer de la réflexion à l’action : « Il faut retrouver partout le vif éclat des premières fois.
Faire en sorte que chaque répétition devienne une première fois. Tout le temps des premières fois, même quand c’est la centième, la millième, la millionième. Les enfants ont des âges, l’esprit d’enfance n’en a pas. Enfants, adolescents, adultes, vieillards s’inscrivent dans le temps. Ils grandissent et déclinent, naissent et meurent. L’esprit d’enfance, lui, demeure immuable. Inaltérable. Quand l’esprit d’enfance est entrevu, tout commence. L’essentiel est ce que nous pouvons en faire. A chacun d’inventer jour par jour ses itinéraires. »
Alors chiche, Monsieur Roger-Pol Droit, nous allons vous prendre au mot, passer à l’action et esquisser dès à présent un itinéraire pour cette journée du 27 avril.

     D’abord Dom Olivier, l’hôte de ces lieux, va présenter quelques sculptures de Frère François d’Assise, qui fut moine à Cîteaux. Puis Anne Kienlen, qui était venue en novembre dernier mettre surtout en valeur Saint Nicolas, patron des Lorrains, va nous faire découvrir quelques-unes de ses peintures en rapport avec le thème d’aujourd’hui.

     Dom Olivier, vu les nombreuses tâches qui l’attendent, prendra la parole avant Frère Michel pour commenter un extrait de son livre Sept fois sept, dans lequel il explique que du commencement à la fin, le moine sera un écolier. Extrait qui m’a paru idéal pour illustrer l’esprit d’enfance !

     Puis Frère Michel, grand admirateur de Marie Noël, évoquera ensuite cette Auxerroise attachante, catholique tourmentée qui reçut en 1962 le grand prix de poésie de l’Académie française. Il sera accompagné de Catherine Paitry, conteuse, avec qui il a préparé très consciencieusement son intervention.
Enfin, la matinée se terminera de façon particulièrement détendue, voire dissipée, vu qu’Alain Schneider, qui a rédigé pendant des années dans le Bien Public une chronique intitulée La vie du bon côté, nous lira et commentera quelques petites histoires de son livre en forme de Caprice des
dieux intitulé Pour l’humour du ciel/ Un régal d’abécédaire divinement drôle.
Sans doute avez-vous remarqué que Dom Olivier avait pris la pose avec le livre entre les mains, sans même se soucier de son contenu, ce qui -j’espère- ne lui vaudra pas les foudres des autorités ecclésiastiques et ne compromettra pas plus tard son entrée au Paradis. De toute manière, avec les adhérents et sympathisants de Rencontres buissonnières, il dispose de fervents supporters prêts à le défendre coûte que coûte. J’ai évité de dire « bec et ongles » car cela ne siérait pas à l’esprit cistercien, dont il est le digne et joyeux représentant.
A 11h30, les personnes désireuses d’assister à la messe pourront se retrouver dans l’église, celles qui ne craignent pas de succomber au péché de gourmandise ne manqueront pas de se diriger vers la boutique, qui fermera à 12h30 mais rouvrira exceptionnellement à 14 heures, ce qui devrait donner au total un nombre de gourmands parfaitement satisfaits. Après tout, la gourmandise fait aussi partie de l’esprit d’enfance !

     La pause déjeuner aura lieu à partir de 12h45 dans le réfectoire des hôtes, soit repas chaud soit pique-nique partagé.

     A 15 heures, je présenterai Pierre Adrian, que certains connaissent déjà puisqu’il était venu à Cîteaux l’an dernier, ainsi que son ami et compère Philibert Humm. Nos deux jeunes invités vous inviteront à les suivre dans leur Tour de la France par deux enfants d’aujourd’hui. Peut-être sont-ils un peu déçus que je ne parle pas davantage d’eux ce matin, mais il me faut tenter de respecter le timing de leurs aînés. Sachez juste que leur livre plein d’espièglerie, à l’humour plutôt potache, a été lu à haute voix au réfectoire des moines, ce qui ne fait que renforcer mon souci à propos de l’avenir de Dom Olivier, sur le plan à la fois terrestre et céleste.

     Entre 14h et 15h, Pierre, Philibert et Alain dédicaceront leur livre dans cette salle, et vous pourrez admirer de plus près les peintures d’Anne. Frère Michel sera également présent, parmi les livres sur Frère François d’Assise, la forêt de Cîteaux et Marie Noël.

Bonne journée à tous.

FRANCINE OHET

Présentation orale de l’après-midi

Samedi 27 avril 2019
Joie et esprit d’enfance

Introduction orale à l’après-midi

     Place cet après-midi à nos deux jeunes auteurs qui ont écouté sagement ce matin ce qu’ont dit leurs aînés.

     En effet, le moment est venu de laisser la parole à Pierre Adrian, que certains d’entre vous connaissent déjà puisqu’il était venu au printemps dernier présenter son livre Des âmes simples dans le cadre de la rencontre sur Les lieux, sources d’inspiration. Nous avons une tendre pensée pour Frère Pierre, le personnage principal du livre, si dévoué, si attachant, qui aurait tellement aimé être parmi nous mais qui a dû renoncer à nous rejoindre depuis sa lointaine vallée des Pyrénées, vu ses innombrables respon-sabilités et son dévouement à toute épreuve. Il m’a chargée de vous dire qu’il serait en communion de pensée et de prière avec nous tous.

     Pierre Adrian, dont on avait remarqué l’an dernier l’étonnante maturité dans sa façon d’évoquer son amitié avec Frère Pierre alors qu’un demi-siècle d’âge les sépare, et qui a le très grand mérite de ne pas classer les personnes plus âgées que lui dans des catégories toutes faites, est accompagné cette fois de son compère et ami Philibert Humm, le duo s’étant partagé la rédaction du Tour de la France par deux enfants d’aujourd’hui, paru aux Editions Equateurs, dont la tonalité est beaucoup plus légère, espiègle, humoristique que celle Des âmes simples, comme si Pierre avait voulu lui aussi s’accorder une récréation après deux livres très sérieux, le premier sur Pasolini lui ayant valu plusieurs prix, et le deuxième sur Frère Pierre le grand prix du livre de spiritualité.

     Pierre et Philibert vont donc nous parler de leur Tour de France vécu et écrit en commun, un chapitre écrit par Philibert succédant à un chapitre écrit par Pierre, et ainsi de suite jusqu’à la fin. Ils en liront quelques extraits et, parce qu’ils ont vraiment réfléchi au thème de notre rencontre, ils évoqueront aussi l’esprit d’enfance à travers la littérature.

     Après leur intervention, en guise de conclusion, et en écho à ce qui a été dit ce matin par Anne Kienlen, Dom Olivier, Frère Michel et Alain Schneider, ils feront allusion à un objet, une chanson ou une musique, une odeur, une friandise, un héros susceptibles de réveiller leur esprit d’enfance, qu’ils n’ont en fait jamais perdu et qu’ils ne perdront sans doute jamais, même quand ils auront atteint l’âge moyen de notre assemblée.

     Puis, s’il reste un peu de temps, pour boucler la boucle, ils tendront le micro aux personnes désireuses de prendre la parole pour évoquer leur propre « madeleine de Proust ».

     Mais d’abord, retour au livre de Pierre et Philibert : un bon résumé de celui-ci est fait sur la 4ème de couverture, et comme Le tour de la France par deux enfants d’aujourd’hui a été lu à haute voix pendant les repas au réfectoire des moines, j’ai proposé à Frère Raphaël de nous lire ce résumé.

     Un grand merci à nos deux enfants d’aujourd’hui d’avoir accepté de passer une journée parmi nous. Celle-ci se terminera en musique, avec Frères Michel et Gabriel qui joueront à la flûte à bec quelques morceaux du compositeur Jean-Baptiste Loeillet, sous la houlette de leur professeur Claire Nassans à la flûte traversière.

     Bel après-midi à tous.

Francine Ohet