Originaire de Troyes, en Champagne, Anne Kienlen réside à Nancy. Les saisons, la neige, les arbres et les plantes, les animaux, particulièrement les oiseaux sont sa principale source d’inspiration. Elle admire également le travail des artistes de l’Ecole de Nancy, particulièrement Emile Gallé, dont les oeuvres inspirent certains de ses tableaux.
Nous vous laissons découvrir ci-dessous quelques-unes de ses oeuvres :
Au delà des profondeurs de bleus, où se dénouent peu à peu les noeuds dans un inévitable face à face, le sel remonte vers la surface et se dépose en cristaux de joie qui envahissent l’espace quand le sens de la vie reprend sa place
Surface de sel espace de celle, de celui qui a confiance en la face cachée, souterraine, souveraine de sa nature humaine, en l’autre côté
au delà des profondeurs de bleus.
Drôles de vie, ou vies de drôle comme des pantins on joue des rôles jusqu’à l’instant où tout s’écroule on croit alors perdre la boule et c’est pourtant à ce moment qu’on est gagnant dans l’inconscient
profondément enfin vivant.
Et l’aventure alors commence toute cette malchance devient la chance.
Qu’à la survie succède la vie
Passager de nos propres galères voguant vers un inconnu sans frontières citoyen de nouveaux territoires sans fin, on cesse d’accuser le destin,
Cécile Coulon est née dans le Puy de Dôme. Dans cette lettre adressée au village Eyzahut, elle rend hommage aux milliers de communes de moins de 500 habitants, si souvent oubliées, et pourtant peu touchées par le Covid 19.
« Clermont-Ferrand, le 14 avril 2020
Eyzahut, cher village,
Je ne te demande pas si tu vas bien : je sais que tu vas bien. Dans tes mâchoires de pierre arrosées par les ruisseaux, habillées des arbres que le printemps doit fleurir et des oiseaux réfugiés dans tes hauteurs, je ne m’inquiète pas pour toi, ni pour celles et ceux qui vivent dans tes maisons, serrées les unes contre les autres comme des meilleures amies un soir de premier bal.
Eyzahut tu as un drôle de nom : Eyzahut, cela signifie ‘hautes maisons’. Village élevé qui élève lui-même quelques cent soixante habitants. On ne te voit jamais aux informations, à la télévision. On ne t’entend jamais à la radio. On te lit quelques fois, dans le journal local, au moment des tournois et des élections. Eyzahut, tu es si beau, une beauté d’autrefois, une beauté bien cachée.
Je t’écris cette lettre par-dessus tes ruisseaux, au-delà des falaises, en remontant les massifs de l’autre côté de l’Ardèche. Je suis nichée dans un appartement qui a bien peu d’âme à côté de ton antique demeure. Je t’écris car il y a tant d’Eyzahut en France, tant de si petits villages qui ont failli mille fois mourir mais où, aujourd’hui, personne ne meurt.
Pas de médecin. Pas de commerce. Accès difficile. Eyzahut, on dit qu’en temps de repli en chaque homme fleurit ce qui, pour lui, a le plus de valeur : avant je rêvais d’un bord de mer inconnu, de ventes et d’honneurs, aujourd’hui je ne rêve que de venir jusqu’à toi, emprunter cette route étroite et venir me planter dans ton cœur.
Ce confinement n’est pas nouveau pour toi. C’est comme cela que tu vis, chaque jour, c’est comme cela que tu tiens, retranché derrière tes murs que la lumière du jour doit, en cette saison, baigner de rouge et de bleu clair. On me dit que tu as un peu toussé, qu’il y eut dans une chambre une légère fièvre. La mairie reste ouverte pour les attestations, quand on va aux courses il faut attendre devant les portes coulissantes un peu plus longtemps.
Eyzahut, la France compte 19 000 places fortes comme toi, 19 000 communes de moins de 500 habitants où la vie n’a pas tant changé depuis un mois. Ce n’est pas le diable qui se niche dans les détails, mais la vieillesse que tu connais si bien pour l’abriter depuis longtemps à côté des nouvelles familles venues pour voir grandir dans tes bras tordus leurs enfants.
Nous vivons en direct la revanche des lieux où l’on dit que ‘tout est mort‘ à l’année, et qui aujourd’hui ne sont pas, ou peu, inquiétés. ‘Ici on ne meurt pas de ces choses-là‘, disent les plus âgés, le village n’est pas mort, il est juste apaisé. Eyzahut tu apparais en ces temps de repli comme un refuge de conte de fées : la falaise est ton masque, la hauteur ton vaccin. Eyzahut, je ne m’inquiète pas, je sais que tu vas bien. En ce jour, tu es une leçon que je croyais avoir appris, mais il me manquait la peur de perdre le calme et les forces que tu m’avais promis ».
Un petit machin microscopique appelé coronavirus bouleverse la planète. Quelque chose d’invisible est venu pour faire sa loi. Il remet tout en question et chamboule l’ordre établi. Tout se remet en place, autrement, différemment.
Ce que les grandes puissances occidentales n’ont pu obtenir en Syrie, en Lybie, au Yemen… ce petit machin l’a obtenu (cessez-le-feu, trêve…). Ce que l’armée algérienne n’a pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu (le Hirak a pris fin). Ce que les opposants politiques n’ont pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu (report des échéances électorales…). Ce que les entreprises n’ont pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu (remise d’impôts, exonérations, crédits à taux zéro, fonds d’investissement, baisse des cours des matières premières stratégiques…). Ce que les gilets jaunes et les syndicats n’ont pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu (baisse de prix à la pompe, protection sociale renforcée…).
Soudain, on observe dans le monde occidental que le carburant a baissé, la pollution a baissé, les gens ont commencé à avoir du temps, tellement de temps qu’ils ne savent pas quoi en faire.
Les parents apprennent à connaître leurs enfants, les enfants apprennent à rester en famille, le travail n’est plus la priorité, les voyages et les loisirs ne sont plus la norme d’une vie réussie. Soudain, en silence, nous nous retournons en nous-mêmes et comprenons la valeur des mots solidarité et vulnérabilité. Soudain, nous réalisons que nous sommes embarqués sur le même bateau, riches et pauvres. Nous réalisons que nous avions dévalisé ensemble les étagères des magasins et constatons ensemble que les hôpitaux sont pleins et que l’argent n’a aucune importance. Que nous avons tous la même identité humaine face au coronavirus. Nous réalisons que dans les garages, les voitures haut de gamme sont arrêtées juste parce que personne ne peut sortir.
Quelques jours ont suffi à l’univers pour établir l’égalité sociale qui était impossible à imaginer. La peur a envahi tout le monde. Elle a changé de camp. Elle a quitté les pauvres pour aller habiter les riches et les puissants. Elle leur a rappelé leur humanité et leur a révélé leur humanisme. Puisse cela servir à réaliser la vulnérabilité des êtres humains qui cherchent à aller habiter sur la planète mars et qui se croient forts pour cloner des êtres humains pour espérer vivre éternellement. Puisse cela servir à réaliser la limite de l’intelligence humaine face à la force du ciel.
Il a suffi de quelques jours pour que la certitude devienne incertitude, que la force devienne faiblesse, que le pouvoir devienne solidarité et concertation. Il a suffit de quelques jours pour que l’Afrique devienne un continent sûr. Que le songe devienne mensonge. Il a suffit de quelques jours pour que l’humanité prenne conscience qu’elle n’est que souffle et poussière.
Qui sommes-nous ? Que valons-nous ? Que pouvons-nous faire face à ce coronavirus ?
Rendons-nous à l’évidence en attendant la providence. Interrogeons notre « humanité » dans cette « mondialité » à l’épreuve du coronavirus.
Restons chez nous et méditons sur cette pandémie. Aimons-nous vivants !
Prière réalisée par la Mission Ouvrière du diocèse de Lille
Seigneur,
Merci d’avoir semé dans le cœur de certains Le don, le talent et la force de prendre soin. Ce désir étonnant de remettre debout Ceux que la maladie avait mis à genoux.
De celui qui nettoie à celle qui opère, De celle qui rassure à celui qui transfère. Tu as placé dans le cœur des soignants Un trésor plus précieux que l’or et l’argent.
Mon Dieu, bénis ceux qui jour après jour Affrontent la souffrance avec tant de bravoure. Maudis les puissants qui depuis des années Sur l’autel de l’argent les ont tous sacrifiés.
Donne à nos soignants la force de tenir Contre cette épidémie dont nous craignons le pire. Donne à chacun de nous d’agir avec raison Pour ne pas rendre impossible leur mission.
Que cette épreuve soit une prise de conscience, Que leurs cris d’hier étaient plein de bon sens. Aujourd’hui, chacun d’eux est pour nous un exemple. Demain, nous chasserons les marchands du temple.
Poèmes choisis et préfacés par Matthieu Chedid et Pierre Siméon (Librio Poésie)
Partagés avec nous par Jacques Bonnadier (Marseille)
Pour survivre
Tu auras pour survivre Des collines de tendresse Les barques d’un ailleurs Le delta de l’amour
Tu auras pour survivre Le soleil d’une paume Le tirant d’une parole L’eau du jour à jour
Tu dresseras pour survivre Des brasiers, des terrasses Tu nommeras la feuille Qui anime le rocher
Tu chanteras les hommes Transpercés du même souffle Qui accomplissent leur songe Face à l’éclat mortel !
L’espérance
J’ai ancré l’espérance Aux racines de la vie * Face aux ténèbres J’ai dressé des clartés Planté des flambeaux A la lisière des nuits * Des clartés qui persistent Des flambeaux qui se glissent Entre ombres et barbaries * Des clartés qui renaissent Des flambeaux qui se dressent Sans jamais dépérir * J’enracine l’espérance Dans le terreau du cœur J’adopte toute l’espérance En son esprit frondeur.