François

Jaques Chauviré - Les livres ont un visage - Jérôme Garcin - Rencontres buissonnièresLe thème difficile de cette rencontre demandait de la sérénité et un certain équilibre. L’une était là, l’autre a été trouvé grâce à vous tous. J’espère que les paroles prononcées permettront à ceux qui ont vécu le calvaire de perdre un enfant, un frère, un père encore jeune, de partager un peu (si peu) leur fardeau. Un grand merci à Francine pour son travail acharné, un autre merci à elle encore pour m’avoir permis de rencontrer Jérôme Garcin avec qui, en un certain sens, je partage mon père.

Encore merci à tous pour votre immense gentillesse.
François Chauviré

Dom Olivier

Dom Olivier Quenardel - Rencontres buissonnières

VIVRE  L’ABSENCE

La rencontre buissonnière de l’automne 2017 à Cîteaux a réuni un nombre important de personnes touchées par le thème de l’absence. Plus que les fois précédentes, on allait atteindre la limite du pouvoir des mots. Face au deuil, surtout s’il s’agit de la perte dramatique d’un enfant, du départ d’un conjoint, ou de la mort d’un petit frère… les mots souvent perdent tout leur pouvoir. Didier Mény et Jérôme Garcin ont cependant réussi à en user en leur rendant la force que l’on attend d’eux : plus encore qu’émouvoir, celle de nous mouvoir, de nous faire bouger, de nous ébranler. Compatir avec qui pâtit. Souffrir avec qui souffre. Pleurer avec qui pleure.

Comme les fois précédentes, c’est à l’ingéniosité de Francine Ohet, et à l’équipe qui organise avec elle ces rencontres buissonnières, que l’on doit ces grands moments où les auditeurs sont captivés par un message qui éveille le meilleur d’eux-mêmes.

Le moine que je suis n’a pu s’empêcher de faire le lien avec l’absence de Dieu. Est-ce nous qui souffrons de Son absence, ou Lui qui souffre de la nôtre ? Ma foi m’oblige à dire que Celui qui aime le premier est forcément Celui qui souffre le premier. Chaque jour, le père de la parabole sort…pour voir si son fils revient. Quelle joie alors quand il l’aperçoit, même s’il est encore loin ! Nos compagnons de l’Invisible ne courent-ils pas avec Lui à notre rencontre, quand ils nous voient en peine de leur absence, et mendier, avec ou sans mots, le réconfort d’une indéfectible présence ?  

Frère Bertrand-Marie

– à Elise, Marie et Julie

Ce 25 novembre

Parmi toutes ces grandes personnes
Si sérieuses, si émues,
Dieu a envoyé ses Trois Vertus
encore revêtues de leur âge tendre
comme pour caresser ces âmes toujours écorchées.

Elise, Marie et Julie,
Qui d’entre-vous étiez l’Espérance, la Foi, la Charité ?
Sans doute toutes les trois, à tour de rôle !
Même au Paradis, les flocons d’hiver où les bourgeons d’avril se ressemblent :
Même candeur, même tendresse, même sagesse enjouée
J’imagine Dieu devant mettre ses lunettes pour vous distinguer
Par contre il vous a bien entendu dire
que Son paradis est beau, embaumé, accueillant, juste là derrière la maison…

Et moi, comme le bœuf de la Crêche
bredouillant devant le p’tit Jésus
je m’émerveille devant l’offrande des agneaux.
Trois petites filles de rien du tout devant les grands
Mais devenant tout aux yeux aimants
Comme un rayon de soleil dans une église
fait d’or la poussière et la fumée d’un encens qui volent.

Fr Bertrand-Marie+

Jérôme Garcin

 Cette journée à l’abbaye de Cîteaux, que je n’oublierai pas, dont la douce ferveur continue de m’éclairer, aurait pu, aurait dû être terriblement mélancolique : tant de nos disparus y étaient convoqués, tant d’êtres chers rappelés à notre souvenir. Et pourtant – miracle de ce lieu cistercien, bienveillance des moines qui l’habitent et y prient –, ce fut un moment de bonheur, de joie et de paix : ensemble, on y accueillait ceux qui ne sont plus, j’ose même dire qu’on les fêtait.

  J’ai rappelé, ce jour-là, sous la Croix, que je croyais à la présence des morts. Je crois plus encore, depuis ce jour-là, sous la Croix, à la force qu’ils nous donnent et qu’ils nous demandent de transmettre. A Cîteaux, le passé communiait avec le présent, et l’ensoleillait. Jusque dans le chœur de son église.

  Je voudrais exprimer ici ma gratitude à toutes celles et tous ceux que j’y ai découverts ou retrouvés, et dont les regards, les confidences, sont déjà gravés dans ma mémoire ; à la manière si généreuse et inspirée avec laquelle Dom Olivier, le Père Abbé de Cîteaux, nous a ouvert les bras ; et surtout à Francine Ohet, la vigilante, la lumineuse Francine, si merveilleusement fidèle à ce que j’écris, sans qui jamais cette journée de partage, où soufflait l’esprit, n’aurait pu avoir lieu ni se dérouler si clairement, si harmonieusement, si musicalement, comme une cantate de Bach.

  Grâce à elle, je sais que je retournerai à Cîteaux.

Jérôme Garcin    

  

Marcelle

Témoignages - Rencontres buissonnièresJe n’ai pu venir que l’après-midi, et j’ai beaucoup aimé ce partage des lectures de textes : c’était très simple, vrai, et en même temps chaleureux et émouvant.

Un après-midi recueilli et apaisant, et c’était bien d’avoir fini avec la Schola.  

Marcelle

Christine

Témoignages - Rencontres buissonnièresMerci à tous ceux qui ont œuvré pour la réussite de cette belle journée que nous avons pu consacrer à nos invisibles.

Merci à Francine en tout premier, aux deux brillants auteurs qui étaient invités et qui ont particulièrement donné de leur temps, de leurs mots, de leur âme, à Dom Olivier et aux religieux qui nous ont accueillis, aux chanteurs aux si belles voix et aux musiciens, et à toutes les personnes qui ont travaillé dans l’ombre pour cette rencontre.

Quel bonheur de voir tous ces gens unis dans leur recherche pour continuer à vivre avec l’absence de leurs proches, sans les oublier, et en restant vivants. Quel bonheur aussi que cette journée se poursuive par les lectures et relectures des ouvrages présentés.
Les membres présents de Jonathan Pierres Vivantes s’unissent à moi pour ce témoignage de reconnaissance.

Christine Cattet

Anne

Témoignages - Rencontres buissonnièresMerci beaucoup à toutes les personnes qui ont pris la parole à Cîteaux, merci pour la sincérité et la générosité de leurs interventions.

Certains pensent que « la vie dans l’au-delà » c’est une façon de parler, c’est imaginaire, ou bien que c’est trop beau pour être vrai…

Or, certaines personnes déchirées par le décès d’un être cher ont expérimenté la réalité du lien avec leur proche disparu, qui continue de les aimer et leur en donne des signes.

Ainsi, dans son livre « Ce lien qui ne meurt jamais » Lytta Basset, théologienne et pasteure protestante, raconte le chemin qu’elle a parcouru après le suicide de son fils aîné Samuel en 2001, à l’âge de 24 ans, et comment elle a pu « peu à peu reprendre pied dans la vie ».

Dans « la marée de l’épouvante », tous ses repères ont disparu ;« aux jours du désastre » elle ne voit d’abord qu’une « éternité d’indicible douleur »

Dans la tradition protestante qui est la sienne, elle n’attend de sa croyance religieuse aucun signe qui lui apporterait une quelconque consolation.

Cependant, le moindre geste, une simple parole, ou la présence de personnes capables de compassion deviennent pour cette mère « désenfantée » une « manne quotidienne » de « perles offertes » par des humains qui « se montrent humains, même à fonds perdus ».

En même temps une série ininterrompue d’événements, de coïncidences et de synchronicités, qu’elle voit ainsi comme des « cailloux blancs », prend une signification forte et lui fait ressentir la Présence divine, cachée en chaque être humain, et que la mort ne peut pas anéantir. Elle arrive à « la certitude que la mort n’est qu’apparence, mutation, que nos aimés disparus sont réellement vivants dans un ailleurs lumineux, ‘’où toutes larmes sont essuyées de nos yeux ‘’, selon la promesse » comme l’écrit une de ses amies qui a traversé une épreuve semblable à la sienne.  

La présence de nos disparus est certes invisible, mais elle n’est pas imaginaire, elle est bien réelle, tout comme les liens d’affection qui nous unissent à eux. De nombreuses personnes de toutes cultures et sensibilités en ont reçu des signes et en ont témoigné.

Nous avançons tous, dans notre vie terrestre comme dans le monde invisible, vers un Amour plus accompli.

Annie

Témoignages - Rencontres buissonnièresCe fut une très belle journée que ces rencontres buissonnières ;  la mémoire, fragile par nature,  n’oubliera certainement pas les émotions partagées.

Le psaume lu par Dom Olivier m’a semblé d’une grande humanité et la non-croyante que je suis s’y est retrouvée. C’est probablement le pouvoir de l’abbaye de Cîteaux où tous les chemins de spiritualité sont acceptés.

Didier Mény a su trouver avec douceur les mots justes de la douleur, celle du père qui a perdu son fils, mais aussi celle  de chacun d’entre nous qui a vécu un deuil. Sa parole apaise notre souffrance. Je le ressens si proche de ma révolte, de mes questionnements, de notre propre souffrance que j’ai vaincu ma réserve habituelle pour échanger personnellement avec lui. D’Inconnu, il m’est apparu immédiatement Ami.  J’ai été frappée par sa profonde réflexion, particulièrement sur le sens de la paternité. Il  pointe la différence Mère, Père : « Marie savait…. Dans les yeux de Marie, l’histoire est écrite…mais Joseph dans l’ombre…Où étais-tu Joseph…. ? » Sans doute, peu d’entre nous n’y avions pensé. Didier reste un père protecteur toujours : « Dors.   Dors jusqu’au bout du monde.     Je veille »

Jérome Garcin fait partager les évènements de sa vie et montre combien ils ont orienté ses amitiés et sa façon de vivre encore aujourd’hui. Il nous ouvre une fenêtre sur le monde particulier des vrais jumeaux et sur « le drame qui n’en finit pas de le hanter ». Mais il tient à distance l’émotion et j’ai moins ressenti à travers ses écrits « la secrète communion de ceux qui ont perdu un être chéri ».

Les  « offrandes à nos invisibles », des textes choisis avec soin par Francine, ont été accompagnés de chansons et des douces notes de guitare sèche.  Lus par de nombreux intervenants émus, dans cette grande église dépouillée et d’une clarté exceptionnelle, ils revêtaient une singulière gravité. Selon sa  sensibilité et ses vécus, chacun aura été plus ou moins touché par l’un ou (et) l’autre. Je suis désolée de m’être laissée submerger par les larmes lors de ma lecture mais j’aurai appris que, malgré le temps passé, je reste inconsolable (probablement comme beaucoup d’entre nous)  et que le mot « Maman » est un mot qui annihile mes pauvres remparts contre le vide de l’absence.

Ce 25 novembre 2017, en cette abbaye, les écoutes attentives dans un grand silence montrent que, toutes et tous, nous avons partagé la souffrance de l’absence et le choix nécessaire de la reconstruction. Je citerai, en note d’espoir, Albert Camus, ami de Jacques Chauviré : «  Nous sommes tous à la recherche d’un fleuve nourricier…. Nous devons vivre pour et à cause de ces instants. Les partager, voilà notre seule générosité possible, la seule vertu que je connaisse. »

Un grand merci à Francine qui a organisé merveilleusement cette journée profondément riche.

A bientôt pour une nouvelle rencontre !

Claude et Françoise

Témoignages - Rencontres buissonnièresVIVRE  L’ABSENCE
Citeaux, 25 novembre 2017

Le thème de ces Rencontres buissonnières, « Vivre l’absence »,  a d’emblée fait surgir en nous à la fois la crainte d’avoir à affronter de nouveau des douleurs que l’on croyait anciennes, et la nécessité d’y faire face une fois encore. Les témoignages de Didier Mény et de Jérôme Garcin, poignants, nous ont confortés dans cette idée qu’il nous fallait trouver l’équilibre entre le lancinant souvenir des aimés disparus et les exigences, parfois futiles, d’une vie quotidienne. Nous avons, cette matinée-là, mesuré plus encore le sens véritable du mot « sympathie ».

L’après-midi fut le temps des ‘offrandes en lectures et chansons croisées’, celui de la parole singulière aussi. Nous avons ensemble découvert les poèmes de Jean de la Ville de Mirmont et avons retrouvé en les lisant des accents qui nous avaient, du temps que nous étions étudiants, emportés loin d’un monde devenu gris. J’ai personnellement, pendant ma lecture des  poèmes, ressenti  combien il était nécessaire que ces horizons, bien que chimériques, existent dans nos pensées, combien aussi ces « invisibles » devaient être présents, tant il est vrai qu’absence et présence sont des éléments constitutifs de notre humanité.

Claude et Françoise MARTEL

Odile

Témoignages - Rencontres buissonnièresVIVRE L’ABSENCE

Un sujet sensible pour ces Rencontres Buissonnières de novembre 2017 à Cîteaux, car il aborde sans voile la douleur immense de la perte d’un être aimé. Il nous fait plonger au cœur de la blessure, là où elle fait le plus mal, quand l’absence est définitive.

Il faut d’abord oser son cri. Ainsi, Didier Mény et Jérôme Garcin mettent en mots l’indicible de cette béance profonde qui saigne et semble inconsolable. Comment faire le deuil d’un unique enfant, d’un frère jumeau, d’un papa parti bien trop tôt ? Il faut du temps, il faut des mots, il faut aussi du silence.

A leur écoute, chacun reçoit au cœur l’expression de cette souffrance si vive encore. L’émotion est palpable. A leur écoute, chacun revisite peut-être en secret les blessures de sa propre existence.

Peu à peu, tout doucement, dans les témoignages des signes d’espérance s’esquissent, et la vie, malgré tout, reprend le dessus. Une adoption, un pas, une ouverture, la vie continue, porteuse de joies nouvelles.

Les lectures de l’après-midi étaient dans l’émotion et la vérité nue des maux mis en mots. La participation musicale d’Etienne, qui a joué et chanté avec beaucoup de délicatesse et de talent, a donné une grande beauté à ce moment. J’ai été heureuse d’y participer en « sœurs lorraines » avec Francine par la lecture de Jeanne. Quelle émotion pour moi!  

L’intervention finale du Père Abbé qui a remis le Christ au cœur du sujet, a redonné du souffle et de l’espérance, en nous reliant à l’Essentiel. L’absence peut aussi ouvrir à une  Présence. L’hymne de la schola fut, elle aussi, bienvenue en nous tournant vers la lumière en conclusion de la journée.

Merci à tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette journée et tout particulièrement à Francine qui l’a initiée.

Amicalement,

Odile