Jérôme Garcin

 Cette journée à l’abbaye de Cîteaux, que je n’oublierai pas, dont la douce ferveur continue de m’éclairer, aurait pu, aurait dû être terriblement mélancolique : tant de nos disparus y étaient convoqués, tant d’êtres chers rappelés à notre souvenir. Et pourtant – miracle de ce lieu cistercien, bienveillance des moines qui l’habitent et y prient –, ce fut un moment de bonheur, de joie et de paix : ensemble, on y accueillait ceux qui ne sont plus, j’ose même dire qu’on les fêtait.

  J’ai rappelé, ce jour-là, sous la Croix, que je croyais à la présence des morts. Je crois plus encore, depuis ce jour-là, sous la Croix, à la force qu’ils nous donnent et qu’ils nous demandent de transmettre. A Cîteaux, le passé communiait avec le présent, et l’ensoleillait. Jusque dans le chœur de son église.

  Je voudrais exprimer ici ma gratitude à toutes celles et tous ceux que j’y ai découverts ou retrouvés, et dont les regards, les confidences, sont déjà gravés dans ma mémoire ; à la manière si généreuse et inspirée avec laquelle Dom Olivier, le Père Abbé de Cîteaux, nous a ouvert les bras ; et surtout à Francine Ohet, la vigilante, la lumineuse Francine, si merveilleusement fidèle à ce que j’écris, sans qui jamais cette journée de partage, où soufflait l’esprit, n’aurait pu avoir lieu ni se dérouler si clairement, si harmonieusement, si musicalement, comme une cantate de Bach.

  Grâce à elle, je sais que je retournerai à Cîteaux.

Jérôme Garcin