Annie

Témoignages - Rencontres buissonnièresCe fut une très belle journée que ces rencontres buissonnières ;  la mémoire, fragile par nature,  n’oubliera certainement pas les émotions partagées.

Le psaume lu par Dom Olivier m’a semblé d’une grande humanité et la non-croyante que je suis s’y est retrouvée. C’est probablement le pouvoir de l’abbaye de Cîteaux où tous les chemins de spiritualité sont acceptés.

Didier Mény a su trouver avec douceur les mots justes de la douleur, celle du père qui a perdu son fils, mais aussi celle  de chacun d’entre nous qui a vécu un deuil. Sa parole apaise notre souffrance. Je le ressens si proche de ma révolte, de mes questionnements, de notre propre souffrance que j’ai vaincu ma réserve habituelle pour échanger personnellement avec lui. D’Inconnu, il m’est apparu immédiatement Ami.  J’ai été frappée par sa profonde réflexion, particulièrement sur le sens de la paternité. Il  pointe la différence Mère, Père : « Marie savait…. Dans les yeux de Marie, l’histoire est écrite…mais Joseph dans l’ombre…Où étais-tu Joseph…. ? » Sans doute, peu d’entre nous n’y avions pensé. Didier reste un père protecteur toujours : « Dors.   Dors jusqu’au bout du monde.     Je veille »

Jérome Garcin fait partager les évènements de sa vie et montre combien ils ont orienté ses amitiés et sa façon de vivre encore aujourd’hui. Il nous ouvre une fenêtre sur le monde particulier des vrais jumeaux et sur « le drame qui n’en finit pas de le hanter ». Mais il tient à distance l’émotion et j’ai moins ressenti à travers ses écrits « la secrète communion de ceux qui ont perdu un être chéri ».

Les  « offrandes à nos invisibles », des textes choisis avec soin par Francine, ont été accompagnés de chansons et des douces notes de guitare sèche.  Lus par de nombreux intervenants émus, dans cette grande église dépouillée et d’une clarté exceptionnelle, ils revêtaient une singulière gravité. Selon sa  sensibilité et ses vécus, chacun aura été plus ou moins touché par l’un ou (et) l’autre. Je suis désolée de m’être laissée submerger par les larmes lors de ma lecture mais j’aurai appris que, malgré le temps passé, je reste inconsolable (probablement comme beaucoup d’entre nous)  et que le mot « Maman » est un mot qui annihile mes pauvres remparts contre le vide de l’absence.

Ce 25 novembre 2017, en cette abbaye, les écoutes attentives dans un grand silence montrent que, toutes et tous, nous avons partagé la souffrance de l’absence et le choix nécessaire de la reconstruction. Je citerai, en note d’espoir, Albert Camus, ami de Jacques Chauviré : «  Nous sommes tous à la recherche d’un fleuve nourricier…. Nous devons vivre pour et à cause de ces instants. Les partager, voilà notre seule générosité possible, la seule vertu que je connaisse. »

Un grand merci à Francine qui a organisé merveilleusement cette journée profondément riche.

A bientôt pour une nouvelle rencontre !

Claude et Françoise

Témoignages - Rencontres buissonnièresVIVRE  L’ABSENCE
Citeaux, 25 novembre 2017

Le thème de ces Rencontres buissonnières, « Vivre l’absence »,  a d’emblée fait surgir en nous à la fois la crainte d’avoir à affronter de nouveau des douleurs que l’on croyait anciennes, et la nécessité d’y faire face une fois encore. Les témoignages de Didier Mény et de Jérôme Garcin, poignants, nous ont confortés dans cette idée qu’il nous fallait trouver l’équilibre entre le lancinant souvenir des aimés disparus et les exigences, parfois futiles, d’une vie quotidienne. Nous avons, cette matinée-là, mesuré plus encore le sens véritable du mot « sympathie ».

L’après-midi fut le temps des ‘offrandes en lectures et chansons croisées’, celui de la parole singulière aussi. Nous avons ensemble découvert les poèmes de Jean de la Ville de Mirmont et avons retrouvé en les lisant des accents qui nous avaient, du temps que nous étions étudiants, emportés loin d’un monde devenu gris. J’ai personnellement, pendant ma lecture des  poèmes, ressenti  combien il était nécessaire que ces horizons, bien que chimériques, existent dans nos pensées, combien aussi ces « invisibles » devaient être présents, tant il est vrai qu’absence et présence sont des éléments constitutifs de notre humanité.

Claude et Françoise MARTEL

Odile

Témoignages - Rencontres buissonnièresVIVRE L’ABSENCE

Un sujet sensible pour ces Rencontres Buissonnières de novembre 2017 à Cîteaux, car il aborde sans voile la douleur immense de la perte d’un être aimé. Il nous fait plonger au cœur de la blessure, là où elle fait le plus mal, quand l’absence est définitive.

Il faut d’abord oser son cri. Ainsi, Didier Mény et Jérôme Garcin mettent en mots l’indicible de cette béance profonde qui saigne et semble inconsolable. Comment faire le deuil d’un unique enfant, d’un frère jumeau, d’un papa parti bien trop tôt ? Il faut du temps, il faut des mots, il faut aussi du silence.

A leur écoute, chacun reçoit au cœur l’expression de cette souffrance si vive encore. L’émotion est palpable. A leur écoute, chacun revisite peut-être en secret les blessures de sa propre existence.

Peu à peu, tout doucement, dans les témoignages des signes d’espérance s’esquissent, et la vie, malgré tout, reprend le dessus. Une adoption, un pas, une ouverture, la vie continue, porteuse de joies nouvelles.

Les lectures de l’après-midi étaient dans l’émotion et la vérité nue des maux mis en mots. La participation musicale d’Etienne, qui a joué et chanté avec beaucoup de délicatesse et de talent, a donné une grande beauté à ce moment. J’ai été heureuse d’y participer en « sœurs lorraines » avec Francine par la lecture de Jeanne. Quelle émotion pour moi!  

L’intervention finale du Père Abbé qui a remis le Christ au cœur du sujet, a redonné du souffle et de l’espérance, en nous reliant à l’Essentiel. L’absence peut aussi ouvrir à une  Présence. L’hymne de la schola fut, elle aussi, bienvenue en nous tournant vers la lumière en conclusion de la journée.

Merci à tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette journée et tout particulièrement à Francine qui l’a initiée.

Amicalement,

Odile