Pierre Adrian

Pierre Adrian - Frère Pierre - Rencontres buissonnieres 2018Je garderai de nos rencontres à Cîteaux la bienveillance et la douceur des belles journées de printemps. Où frères de la communauté et inconnus se mélangent autour d’un seul souci, celui de l’âme. De petites discussions mènent aux grands sujets.

Et on repart de Cîteaux avec la certitude qu’un lien s’est noué, entre parole et silence. Entre ce qui passe et ce qui dure. Merci pour cette belle école buissonnière.

Pierre Adrian

Annie

Témoignages - Rencontres buissonnièresCe fut une très belle journée que ces rencontres buissonnières ;  la mémoire, fragile par nature,  n’oubliera certainement pas les émotions partagées.

Le psaume lu par Dom Olivier m’a semblé d’une grande humanité et la non-croyante que je suis s’y est retrouvée. C’est probablement le pouvoir de l’abbaye de Cîteaux où tous les chemins de spiritualité sont acceptés.

Didier Mény a su trouver avec douceur les mots justes de la douleur, celle du père qui a perdu son fils, mais aussi celle  de chacun d’entre nous qui a vécu un deuil. Sa parole apaise notre souffrance. Je le ressens si proche de ma révolte, de mes questionnements, de notre propre souffrance que j’ai vaincu ma réserve habituelle pour échanger personnellement avec lui. D’Inconnu, il m’est apparu immédiatement Ami.  J’ai été frappée par sa profonde réflexion, particulièrement sur le sens de la paternité. Il  pointe la différence Mère, Père : « Marie savait…. Dans les yeux de Marie, l’histoire est écrite…mais Joseph dans l’ombre…Où étais-tu Joseph…. ? » Sans doute, peu d’entre nous n’y avions pensé. Didier reste un père protecteur toujours : « Dors.   Dors jusqu’au bout du monde.     Je veille »

Jérome Garcin fait partager les évènements de sa vie et montre combien ils ont orienté ses amitiés et sa façon de vivre encore aujourd’hui. Il nous ouvre une fenêtre sur le monde particulier des vrais jumeaux et sur « le drame qui n’en finit pas de le hanter ». Mais il tient à distance l’émotion et j’ai moins ressenti à travers ses écrits « la secrète communion de ceux qui ont perdu un être chéri ».

Les  « offrandes à nos invisibles », des textes choisis avec soin par Francine, ont été accompagnés de chansons et des douces notes de guitare sèche.  Lus par de nombreux intervenants émus, dans cette grande église dépouillée et d’une clarté exceptionnelle, ils revêtaient une singulière gravité. Selon sa  sensibilité et ses vécus, chacun aura été plus ou moins touché par l’un ou (et) l’autre. Je suis désolée de m’être laissée submerger par les larmes lors de ma lecture mais j’aurai appris que, malgré le temps passé, je reste inconsolable (probablement comme beaucoup d’entre nous)  et que le mot « Maman » est un mot qui annihile mes pauvres remparts contre le vide de l’absence.

Ce 25 novembre 2017, en cette abbaye, les écoutes attentives dans un grand silence montrent que, toutes et tous, nous avons partagé la souffrance de l’absence et le choix nécessaire de la reconstruction. Je citerai, en note d’espoir, Albert Camus, ami de Jacques Chauviré : «  Nous sommes tous à la recherche d’un fleuve nourricier…. Nous devons vivre pour et à cause de ces instants. Les partager, voilà notre seule générosité possible, la seule vertu que je connaisse. »

Un grand merci à Francine qui a organisé merveilleusement cette journée profondément riche.

A bientôt pour une nouvelle rencontre !

Didier Mény

Cîteaux, 25 novembre 2015,

Revenir à Cîteaux pour y passer une journée entière fut le premier sourire de ce samedi 25 novembre. Cîteaux est un lieu que j’avais fréquenté naguère, à une époque où la vie monacale et singulièrement celle des cisterciens me fascinait.

Matin gris et humide avant la douceur pâle d’un premier soleil. Matinée où les mots furent importants, ceux de Francine, ceux du Père Abbé, ceux de Jérôme Garcin bien sûr qui nous a si bien dit qu’une vie et qu’une œuvre se construisent aussi avec la pâte grise des malheurs, dans le creux que les absences laissent en nous.

Quant à moi, je n’ai pas d’autre espoir que d’avoir été peut-être utile.

Journée de rencontres, de tendresse dans les yeux ; de douceur autant que de tristesse même si parfois l’émotion laissait les joues humides. Journée où la violence de l’absence qui logeait au cœur de nos lectures ou de nos propos, trouvait en écho, une forme de douceur partagée.

Dans la voix et la musique d’Etienne – si belles ; dans la voix et le regard de Dom Olivier, dans les gestes amicaux des uns et des autres. Une douceur qui offrait au cœur ce que les caresses font à la peau : l’émoi d’un frisson.

Et puis, puisque nous étions dans l’église lorsque Myriam a lu – si bien – des passages de Tristan, je n’ai pu m’empêcher et Lydie avec moi d’y voir comme une courte et émouvante cérémonie en l’hommage de ce fils absent. Un bref et fort instant offert à sa mémoire. Et je l’ai vécu avec d’autant plus d’émotion, que nos deux fils nous avaient fait la surprise d’être là, assis au fond de la nef, petits frères de Tristan.