Père Bernard de Give

Bernard de Give - Rencontres buissonnières99 ans

Me voici donc entré dans ma centième année
Comme on se réjouit à l’arrivée d’un train.
Les fleurs de mon bouquet sont à peine fanées
Et cette ardeur de vivre a gardé son entrain.

Les yeux brillant de joie, chacun me félicite
Au lever de l’aurore en ce nouveau printemps.
Car le succès d’un seul est une réussite
Pour la communauté qui l’entoure en chantant.

9 mai 2012

Maison d’autrefois

Nous avons descendu le fleuve des années
Et la mort a passé dans la vieille maison.
Nous avons parcouru de lointains horizons
Et beaucoup sont partis pour d’autres maisonnées.

Rive de notre enfance et des contes de fées,
Trésor de souvenirs où souvent nous puisons,
Reine de la colline ou rivière sans fond,
Quand tout s’abîme en nous, es-tu seule inchangée ?

La grille qui gémit, le jet d’eau sur l’étang
Et les lilas en fleur replongeant dans le temps
Comme le salon rose au mobilier fragile.
Vers ma fenêtre haute ainsi qu’un reposoir
Montent les carillons qui dansent sur la ville.
Serais-je encor l’enfant qui rêve dans le soir ?

La Pairelle, 3 septembre 1957

Vêture

A l’heure où ses amis, frivoles et mutins,
S’ébattaient dans leurs jeux sur la colline verte,
Il entendait leurs cris par la fenêtre ouverte,
Penché sur la grammaire et les verbes latins.

Car Jésus l’avait pris, tout petit, par la main,
Le conduisant de découverte en découverte.
Et l’enfant aux yeux purs suivait d’un pas alerte,
Le regard fasciné par un terme lointain.

Or voici que le jour de partir pour le cloître
Sous la soutane blanche il semble soudain croître,
Plus svelte et plein de grâce en ce matin d’avril.

Et pour le contempler comme un ange des maîtres,
Ses compagnons ravis ont un respect subtil
Comme si cet enfant était déjà leur prêtre.