Quelques réflexions et citations

« Le contraire d’un peuple chrétien, c’est un peuple triste. »

Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne

« L’enfance n’est pas dans la nostalgie qu’on en a. L’enfance est dans le rire qu’elle nous donne. »

Christian Bobin

La joie est belle. La joie est simple. Avec le temps je vois ça comme une sorte de sport. De régime. Une discipline. Une acuité du cœur et de l’oeil. Il y a des ressources considérables à puiser là-dedans. De la force. De la beauté. De la vérité. Pourtant ce n’est pas une situation confortable. Elle demande de la vigilance. De la volonté. Pas de forcer les choses, non, mais de faire attention. Il est bien plus confortable d’être négatif. C’est naturel, et on trouve toujours de quoi faire pour se tirer vers le bas. Aujourd’hui je veux faire attention à ce que je vois. A ce que je touche. A ce que je goûte. Aux variations de la lumière. Aux odeurs. Aux mots. Tout à l’heure je suis allé à la pharmacie du village. Les enfants sortaient de l’école. Leurs cris remplissaient tout l’espace. Tout le ciel. Devant moi, une petite fille racontait l’histoire d’un lapin à lunettes qui ne veut pas aller se coucher. Je ne suis pas entré dans la pharmacie. Je les ai suivis tranquillement jusqu’à la fin de l’histoire. Du coup je me suis retrouvé à la boulangerie. J’y ai acheté des tartes au citron. Ema adore les tartes au citron.

Thomas Vinau, Ici ça va 

       « A 40 ans, j’ai découvert l’esprit d’enfance.
Qu’est-ce ? Le sens de l’étonnement,la curiosité, l’appétit, l’enthousiasme, le goût du jeu, l’humilité, la modestie, la confiance dans l’inconnu, ces qualités dont nous jouissons avant de les abîmer ou de les égarer. Sans rebrousser chemin, il faut les récupérer. Aujourd’hui, je me force à lutter contre l’illusion de savoir. J’ai la passion du nouveau. Je refuse la fatigue de vivre. Je proscris le sentiment de déjà-vu ou déjà-entendu. Je casse toute habitude. J’entends cultiver la fraîcheur, la saveur de la première fois, la naïveté éternelle.
L’art m’y aide. Quand j’admire un tableau ou que j’écoute une musique, je deviens vierge, neuf, j’assiste à une épiphanie. L’aube scintille. »

Eric-Emmanuel Schmitt, Plus tard, je serai un enfant

    « L’enfant naît dans le sacré. Il sort de l’invisible, porteur de cette expérience unique, celle de l’unité primordiale qu’évoquent tous les grands mystiques. Retrouver au fond de soi l’esprit d’enfance. Non pas la dépendance infantile, mais cette force poétique qui entretient notre capacité d’émerveillement et d’ouverture au monde. La cultiver, comme une plante qu’on arrose, permet de mieux résister, et transformer les épreuves de la vie.

On sait aujourd’hui que l’homme est appelé à vivre de plus en plus âgé. Comme le constate Marie de Hennezel, les grands vieillards qui plongent dans l’esprit d’enfance retrouvent ainsi leur souffle. Entretenir ce lien avec notre enfant intérieur sera d’une aide inestimable pour traverser la vie. Le petit enfant et le grand vieillard tiennent chacun un bout du fil. »

Sevim Riedinger, Le monde secret de l’enfant

     « L’heure venue, c’est lui(l’enfant que je fus), qui reprendra sa place à la tête de ma vie, rassemblera mes pauvres années jusqu’à la dernière, et comme un jeune chef ses vétérans, ralliant la troupe en désordre, entrera le premier dans la Maison du Père. »

Georges Bernanos, Les grands cimetières sous la lune