Odette

Témoignage 1 - Rencontres buissonnièresCîteaux, 25 novembre 2017,

            Ce qui m’a vraiment frappée dans cette journée « Vivre l’absence », c’est le haut niveau, la qualité, des intervenants, des textes lus l’après-midi : et puis l’atmosphère de paix, de tolérance, de respect dans l’écoute.

            « Je ne crois plus en Dieu, je suis dans l’inespérance, dit Didier Mény, et je n’en dirai pas davantage par respect pour cette maison si accueillante de Citeaux. Et parce que je ne suis pas d’un athéisme militant. » C’est dit sans passion, sans véhémence : il exprime simplement son ressenti.

            Jérôme Garcin est en désaccord avec la présentation que l’on a faite de lui : « Je me suis éloigné des formes et des rites de la religion de mon enfance. Mais je crois en Dieu, je suis catholique, dans ma vie il y a place pour des temps de prière. »

            Les moines présents sont dans l’écoute. L’assistance écoute en grand silence. Les mots de celui qui ne croit plus au ciel, de celui qui y croit toujours, sont accueillis, sans discussion. Chacun peut exprimer sa vérité et sa souffrance.

            Le fils du médecin et écrivain  Jacques Chauviré dont parle Jérôme Garcin dans Les livres ont un visage est là. D’une voix émue, il lit un extrait. Jacques Chauviré, très chrétien, ne s’est jamais accoutumé à la souffrance, à la mort, bien qu’il ait porté avec courage les siennes.

            L’après-midi, une participante lira un poème qu’elle a écrit à la mémoire de sa mère.

On ne fait pas de hiérarchie dans les deuils. Toute douleur est accueillie dans le silence et le respect.

            D’autres taisent ce qu’ils portent d’enfoui en eux-mêmes, et rejoignent dans leurs expériences personnelles, en silence, ceux qui ont dit comment ils vivent l’absence.

            C’est tellement humain, et Cîteaux , où des moines consacrent leur vie à Dieu – qui s’est fait homme- accueille avec respect l’humain, et sa souffrance. Tout humain. On a débuté, le matin, par la lecture du psaume 87 lu  par Dom Quenardel,  où l’homme crie sa douleur et son angoisse. Puis ils ne sont plus intervenus, sinon dans l’après-midi pour lire des poèmes de Péguy. Enfin Dom Quenardel a conclu la journée en exprimant son attachement à son Seigneur, et 4 moines de la Schola ont chanté l’hymne finale.

             Présence totalement discrète de ces moines qui n’interviennent d’aucune façon dans la conscience de chacun. A chacun son chemin. C’est par leur seule présence, essentiellement  silencieuse, qu’ils témoignent de celui qu’ils ont choisi.

            De ce fait, les plus réticents à l’idée de passer une journée à l’abbaye remettent en question leurs préjugés et éprouvent l’envie de revenir dans ce havre de paix précieux pour nous tous, car en total contraste avec l’actualité, si souvent violente.