Dom Olivier Quenardel

Sept fois sept

Dans le Prologue de la Règle, saint Benoît énonce clairement son propos. Il veut instituer une « école au service du Seigneur ». Le monastère doit donc être compris comme une « école ». Aux oreilles de qui connaît l’Evangile, le mot résonne aussitôt. Jésus n’invite-t-il pas ceux qui l’écoutent à se mettre à son « école » ? Comment alors ne pas trouver chez saint Benoît l’écho de l’invitation du seul Maître qui peut se dire « doux et humble de coeur » ?(1)

Le moine sera donc un écolier. Du commencement à la fin, il sera un écolier. Novice ou abbé, cuisinier ou portier, malade ou bien portant, quelles que soient son origine et son ancienneté, il restera jusqu’au bout un écolier. C’est-à-dire qu’il ne cessera jamais d’apprendre son métier, il ne pourra jamais considérer que sa formation est terminée. Au contraire, plus il avance dans la vie monastique, plus il mesure son ignorance et chante en vérité :

A la mesure sans mesure
De ton immensité,
Tu nous manques, Seigneur,
Dans le tréfonds de notre cœur
Ta place reste marquée
Comme un grand vide, une blessure.(2)

Le monastère : une « école » ?…Oui ! Mais pourquoi ? …Pour apprendre à servir le Seigneur. Tout y est organisé dans ce but : servir le Seigneur. « Servir », voilà un autre mot qui tinte immédiatement aux oreilles d’un ami de l’Evangile. « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. »(3)

En regardant Jésus, le seul Maître à qui rien ne doit être préféré, le moine n’aura d’autre besogne que d’apprendre de lui l’art d’être serviteur. Pour cela, saint Benoît lui remet une sacoche d’outils aussi variés que performants:instruments pour bien agir, instruments pour bien servir. Plus le moine en fait usage, plus son cœur se dilate. Une infinie douceur d’amour le saisit. Pour lui, aimer et servir deviennent synonymes. Il ne peut plus séparer le service du Seigneur et celui des hommes…même s’il se sent toujours un « apprenti » à l’école de l’amour. Proche de tous, uni à tous, il devient peu à peu un serviteur bon et fidèle qui, un jour, s’entendra dire : « Entre dans la joie de ton Seigneur ! »(4)

(1)Mt 11,29
(2)Hymne de la CFC(Commission francophone cistercienne)
(3)Mt 20,28
(4)Mt 25, 21