Didier Mény – Mère, gypaète (extrait de « Tristan »)

Mère gypaète - Didier Mény - Rencontres buissonnièresJ’ai mal dans mon corps et dans mon cœur sur le sentier qui monte au col. Mais je n’aurai jamais aussi mal que toi dont la souffrance fut insupportable. Puisque je supporte de vivre, je n’ai pas aussi mal que toi (…)

Le col. Etroit, serré entre les falaises qui nous séparent des sommets. S’asseoir, reprendre son souffle. Une ombre passe sur la pierre, trace noire d’un grand oiseau. La trace d’abord. Je lève les yeux vers le ciel où tournoie un gypaète, plus haut que nos têtes et que nos petitesses, que l’herbe dure et que le granite gris. L. pleure. Elle dit que c’est toi. Que tu es devenu un grand oiseau. Un grand oiseau libre qui joue avec les ascendances. L. a décidé -a-t-elle décidé ?- de croire aux signes.

       Quelques jours plus tard, le dernier jour avant le retour dans la vallée des hommes, le grand oiseau est repassé au-dessus de nous, de l’herbe dure et du granite. Pour nous saluer ?